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Dans la troisième partie sur les origines de Placide ROY, nous avons vu que Joseph ROY, le grand-père de Placide, était le fils de Thomas ROY et de Marie Josèphe GODIN. Dans cette chronique, nous verrons qu’il ne serait pas possible de de confirmer les origines de Thomas ROY sans reconstituer le parcours de quelques familles acadiennes. Ce parcours, qui inclut aussi celui de la famille de son épouse Marie Josèphe GODIN, est long et sinueux à l’image de ce qu’a vécu le peuple acadien.

Le lien entre Joseph et Thomas ROY avait été confirmé par l’acte de mariage de Joseph ROY le 6 mai 1806 avec Judith BOUDREAU où le nom des parents de Joseph est inscrit. Thomas ROY était également présent comme témoin et mentionné comme étant « père de l’époux » lors du deuxième mariage de Joseph ROY avec Julie HACHÉ le 15 novembre 1813. Thomas ROY est aussi mentionné sans précision sur le lien de parenté  dans l’acte de sépulture de Joseph ROY le 21 février 1825 à Petit-Rocher.

Même si son acte de baptême n’a pas été retrouvé, nous savons que Joseph ROY est sans doute né entre le 19 février 1783 et le 6 mai 1785 car Joseph avait 42 ans à son décès le 19 février 1825 et il était majeur (21 ans) à son premier mariage le 6 mai 1806. On peut affirmer que Thomas ROY et Marie-Josèphe GODIN se sont mariés avant la fin du mois d’août 1784 si on tient compte de la date de naissance estimée la plus tardive et le temps moyen de gestation d’un enfant. En supposant que Thomas ROY était près de l’âge de majorité à son mariage, sa naissance remonterait à l’époque du Traité de Paris de 1763 quand la Nouvelle-France fut officiellement cédée au roi de la Grande-Bretagne.

C’est à partir de ces dates estimées que nous partons à la recherche des origines de Thomas ROY. Cette période débute vers 1760 et a duré plusieurs décennies. Avant 1784, l’année de la création du Nouveau-Brunswick, ce sont les archives de la Nouvelle-Écosse qui pourraient nous donner des indications afin de reconstituer le noyau familial de Thomas ROY.

Tout chercheur qui veut retracer des ancêtres en Acadie entre 1740 et 1800 est confronté avec une apparente absence d’archives. L’interdiction de religion catholique et l’absence de registres paroissiaux pourraient en décourager plus d’un. Des registres qui existaient à l’époque de la déportation des Acadiens sont aujourd’hui disparus mais quelques-uns ont survécu. Il faut aussi se référer à des documents qui ne sont pas des registres religieux. Nous remontons ici à l’époque de la reconstruction de l’Acadie française qui fut très active et qui nous a laissé des archives riches en information. Ces documents ont parfois suivi les Acadiens qui avaient été dispersés en Angleterre, en France, en Nouvelle-Angleterre, en Louisiane et parfois même dans les Antilles françaises.

Il faut également mesurer l’étendue des recherches à faire en considérant le contexte historique. Le territoire habité par les Acadiens du Nouveau-Brunswick entre 1764 et 1784 représente tout au plus quelques dizaines de kilomètres carrés. À l’extérieur de ces zones habitées, nous ne trouvons que des forêts sauvages. Ce n’est qu’après la guerre d’indépendance des États-Unis, qui eut lieu de 1774 à 1783, que le territoire du Nouveau-Brunswick s’est vraiment développé. Deux décennies après la date de mariage estimée de Thomas ROY et de  Marie-Josèphe GODIN, la population acadienne du Nouveau-Brunswick ne comptait à peine plus que 3700 personnes.[1] C’est l’équivalent de la population d’un gros village ou d’une petite ville qui est éparpillée ici et là dans de très petits établissements comptant parfois moins de 100 personnes. Ces petites communautés étaient souvent composées de quelques familles acadiennes qui étaient apparentées. Et quand elles n’étaient pas déjà apparentées, ces familles le sont devenues tôt ou tard par nécessité.

Thomas Roy et Marie-Josèphe Godin.

Les archives présentées dans la troisième partie de cette étude ne nous ont pas révélé qui étaient les parents de Thomas ROY et de Marie-Josèphe GODIN  mais nous savons que ces derniers s’étaient mariés avant la fin du mois d’août 1784. Cette époque correspond à l’arrivée de plusieurs Acadiens qui sont venus s’installer à Népisiguit mais il est toujours possible que Thomas ROY et Marie-Josèphe GODIN se soient mariés ailleurs. Avant de remonter à une époque où les documents d’archives sont plus rares, voyons leurs traces dans la dans la région de Népisiguit afin de reconstituer une partie de leur noyau familial.

L’acte de sépulture de Marie-Josèphe GODIN nous révèle quelques informations intéressantes.

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« Le quinze juin mil huit cent seize […] Marie Josèphe Godin vivante épouse de Thomas Roy, cultivateur et capitaine de milice, inhumée dans le cimetière de Petit-Rocher, décédée le dix avril dernier, âgée de quarante huit ans. Présents Joseph Arsenault et Antoine Degrace »[2]

Cet acte de sépulture a été fait par le curé Parent de Népisiguit lors de son passage à la mission de Petit-Rocher en juin 1816. Si l’âge déclaré à son décès est exact, Marie-Josèphe GODIN serait née dans l’année qui précède le 10 avril 1768 et elle aurait épousé Thomas ROY alors qu’elle avait moins de 18 ans. Il est précisé que Thomas ROY était un capitaine de milice. Cette fonction était donnée par nomination par le gouvernement et ceci nous indique que Thomas ROY jouissait d’une certaine notoriété dans la région. Pour le chercheur, la fonction de capitaine de milice élargit le champ des recherches car Thomas ROY a peut-être laissé des traces dans les archives gouvernementales du Nouveau-Brunswick. Thomas ROY ne resta pas veuf longtemps car il se remaria dans l’année qui a suivi le décès de Marie-Josèphe GODIN.

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« Le onze août mil huit cent dix sept […] entre Thomas Roi habitant, veuf de Marie Josephte Godin, de Petit-Rocher, et Marguerite Johnson, veuf de Jean Comeau de la Nouvelle […] en présence de Michel Johnson et de Paul Johnson. »[3]

Bien que cet acte de mariage soit inscrit au registre de Carleton, il eut lieu à la Nouvelle. À cette époque, le missionnaire Bellenger parcourait toute la rive nord de la Baie-des-Chaleurs à partir de la rivière Restigouche et en remontant la côte vers l’est couvrant tout le district inférieur de Gaspé. Plusieurs ont identifié la Nouvelle comme étant l’actuel village de Nouvelle en Gaspésie. En 1817, les plus importants postes de pêche de la Gaspésie étaient exploités par la compagnie Robin. La Robin avait alors des installations importantes pour le commerce des pêcheries à Paspébiac.

Paspébiac_1899

Installations de la compagnie Robin au banc et au barachois de Paspébiac vers 1899.[4]

À une dizaine de kilomètres à l’est de Paspébiac, on retrouve une rivière qui se nomme la Nouvelle et qui se jette dans la Baie-des-Chaleurs tout près de l’actuel village de Saint-Godefroi. On retrouve d’ailleurs ce lieu et quelques autres établissements sur une carte marine de la Baie-des-Chaleurs de 1780.

CarteBaieChaleurs1780

Extrait de la carte marine de la Baie-des-Chaleurs de 1780.[5]

En haut de la carte, on distingue Bonaventure, Paspébiac et la pointe de la « Nouvel ». En ligne droite vers le sud, il y a la baie de « Nepisigui » (Népisiguit). En remontant vers le nord le long de la côte, on remarque aussi la pointe Midicho qui est en fait un secteur qui fut longtemps nommé Point Medisco et qui est l’actuelle Pointe Rochette à Petit-Rocher. À 800 mètres au sud de cette pointe, il y a aujourd’hui une rue qui porte le nom de Madisco. Cet aperçu de la région nous permet de situer un territoire bien connu de la famille ROY et des Acadiens de la région.

Marguerite JOHNSON, la deuxième épouse de Thomas ROY, avait épousé Jean COMEAU le 23 novembre 1808 à la Nouvelle. Jean COMEAU était le fils de François COMEAU et de Marie BOUDREAU de Maria tandis que Marguerite JOHNSON était la fille de Michel JOHNSON et de Geneviève DOIRON.[6] Quand Jean COMEAU est décédé au printemps 1813, Marguerite JOHNSON était enceinte de huit mois de Marie-Lucille et aussi mère de deux fils prénommés Joseph Ignace et Pierre.[7]

Deux ans après leur mariage, nous retrouvons Thomas ROY et Marguerite JOHNSON dans un acte de vente qui nous permet d’identifier le père de Marie Josèphe GODIN, la première épouse de Thomas ROY, et où nous retrouvons aussi quelques membres de la famille GODIN.

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« Know  all men by these presents that Thomas Roy & Margaret his wife, Joseph Arseneau & Mary Anne his wife, Francis Godin & Anastasie his wife, all of St Roic’s in the Parish of Beresford, county of Northumberland & Province of New Brunswick, heirs at law to the vacant estate of the later John Baptiste Godin sen[ior] of Caraquet in the Parish of Saumarez, deceased, for & in consideration of the sum of twenty dollars, current money of said Province to them in paid well & fully by Peter Godin »[8]

Dans cet acte de vente daté du 30 juillet 1818, Thomas ROY et son épouse Marguerite (JOHNSON) figurent parmi héritiers de Jean-Baptiste GODIN qui ont vendu cette terre à Pierre GODIN pour la somme de 20 dollars. Thomas ROY était un héritier légitime par son premier mariage avec Marie Josèphe GODIN. En épousant Thomas ROY, Marguerite JOHNSON devenait également une héritière légitime de son époux Thomas ROY et, par le fait même, une héritière de Jean-Baptiste GODIN.

Cette terre, située à Caraquet, avait été laissée vacante depuis le décès de Jean-Baptiste GODIN. Les autres héritiers de Jean-Baptiste GODIN étaient Joseph ARSENEAU et son épouse Marie Anne GODIN; et François GODIN et son épouse Anastasie. L’acte de vente précise que tous les héritiers étaient de Petit-Rocher. L’épouse de Jean-Baptiste GODIN, n’étant pas listée au contrat, suppose qu’elle était déjà décédée le 30 juillet 1818. Le contrat de vente contient des informations intéressantes sur la terre vendue ainsi que sur les propriétaires des lots voisins.

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« & premises on the second tract of grant S.W. river Caraquet being on half of lot No two, twenty rods front, bounded on the East by lot No one granted to John Baptiste Godin, on the West by the remaining half of said lot No two belonging to Michael Godin; in the North by S.W. river Caraquet; and on the South by vacant lands, containing seventy five acres, more or less; also one fourth part of lot No fourteen in the aforesaid tract of grants of twenty rods front, being the third division from the »

Le contrat se poursuit sur la page suivante…

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« the East, bounded on the East by the second one fourth division of said lot No fourteen, belonging to Alex Godin; on the West, by the fourth one-fourth division belonging to Michael Godin; on the North by the S.W. river Caraquet and on the South by vacant lands, containing sixty one and one fourth acres, less or more, in all one half of lot No two, and one fourth of lot no fourteen, as aforesaid; as by reference to the grant»

Ce n’était pas une terre mais deux terres que Pierre GODIN achetait en bloc des héritiers de Jean-Baptiste GODIN. La première terre était la moitié lot no 2 pour environ 75 acres, et la deuxième terre provenait du quart du lot no 14 pour environ 61 ¼ acres. Ces deux terres étaient bornées au nord par la rivière Caraquet sud-ouest. Sur une carte cadastrale de Caraquet[9], on retrouve ces lots ainsi que le nom de ceux qui avaient reçu ces terres en concession.

CarteCaraquet_lots_2_14

Les lots à partir du no A de Joseph LANDRY jusqu’au lot no 12 de Pierre PINETTE furent concédés par la Couronne le 27 avril 1787[10]. Joseph ARSENEAU et son épouse Marie Anne GODIN, et François GODIN et son épouse Anastasie, et les autres héritiers de Jean-Baptiste GODIN, faisaient partie des 49 concessionnaires qui, avec Thomas ROY et un autre Jean-Baptiste GODIN, reçurent une terre le 16 juin 1812 à Petit-Rocher.[11]

Ces membres de la famille GODIN étaient des premières familles à s’établir à Petit-Rocher. Dans sa monographie de Petit Rocher, le père Camille racontait à leur sujet :

« 9) Joseph Arseneau, qui, en 1811, eut l’honneur de recevoir Mgr Plessis. […] 11) Jean-Baptiste Godin, époux de Françoise Haché-Gallant, accompagné de son père, le vieux François Godin. Ce François Godin, l’ancêtre des Godin de Petit-Rocher, prit possession d’un lot de terre s’étendant du domaine de Hilarion Roy jusqu’à la Rivière-aux-Ormes. Il avait alors cinq fils : Jean-Baptiste, Rémi, Marin, Joseph et Sylvestre, ces deux derniers sont demeurés célibataires. Après sa mort, sa terre passa aux mains de son fils Jean-Baptiste. Celui-ci, vers l’an 1838, la partagea en quatre lots distribués respectivement à Marin, son frère, Domithilde, sa fille, Hubert Cormier (souche de la famille de ce nom à Petit-Rocher) et Narcisse Boudreau. »[12]

L’acte de vente de 1818 nous a indiqué que Marie Josèphe GODIN, épouse de Thomas ROY, était la fille d’un Jean-Baptiste GODIN qui avait une terre à Caraquet. Marie Josèphe était aussi la sœur de François GODIN marié à Anastasie et de Marie Anne GODIN, l’épouse de Joseph ARSENEAU, demeurant tous à Petit-Rocher.

Le mariage de Jean-Baptiste GODIN et de Françoise HACHÉ eut lieu le 21 mai 1810 à Népisiguit. Jean-Baptiste GODIN, fils majeur de « Jean-Baptiste GODIN », tenancier, et d’Anastasie DAIGLE, a épousé le 21 mai 1810 à Népisiguit, Françoise HACHÉ, fille majeure de Joseph HACHÉ, tenancier, et de Madeleine DOUCET en présence du « père de l’époux, Rémi GODIN, son frère, de Michel DAIGLE son oncle, le père de l’épouse, Michel, Simon, Joseph, Sylvain, Antoine, les HACHÉ, ses frères. »[13]

Il semble bien que le curé de Népisiguit s’était trompé en nommant le père de Jean-Baptiste GODIN. À cette époque dans la région de Népisiguit, il y avait une seule femme adulte nommée Anastasie DAIGLE et celle-ci était l’épouse de François GODIN. Nous y reviendrons plus loin dans le texte.

L’acte de mariage de Marie-Anne GODIN, la sœur de François GODIN et de Marie Josèphe GODIN, identifie sans ambiguïté le nom de leurs parents.

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«  L’an mille sept cent quatre vingt douze le vingt cinq juin  […] ay mariés […] Joseph Arseneaux fils de feu Joseph Arseneaux et de Marie Haché avec Marie Anne Gaudin, fille de Jean Baptiste Gaudin  et de Marie Angélique Bergeron. […] Joseph Arseneaux contractant X, Marie Anne Gaudin contractante X, Témoins, Jean Baptiste Gaudin X, René Hâche X, Olivier Blanchard X, J. Baptiste Gaudin X.»[14]

Marie Josèphe GODIN, sa sœur Marie-Anne et son frère François étaient donc les enfants de Jean-Baptiste GODIN et de Marie Angélique BERGERON. Nous avons ici deux Jean-Baptiste GODIN qui sont présents au mariage de Joseph ARSENEAU et de Marie Anne GODIN. L’un est le père de Marie Anne GODIN mais qui était l’autre Jean-Baptiste GODIN présent à ce mariage en 1792? Nous retrouvons un mariage dans le registre de Caraquet qui nous indique que c’était probablement le frère de François, de Marie-Anne et de Marie Josèphe GODIN.

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« L’an mil sept cent quatre vingt neuf le huit juin […] de Caraquet, Jean Baptiste Gaudin, fils de Jean-Baptiste Gaudin et d’Angélique Bergeron et Rosalie Tériau fille de Joseph Tériau et de Marie Girouard. Les témoins sont Jean-Baptiste Gaudin, père, Alexis Landry, Olivier Blanchard, Alexandre Gaudin. »[15]

Nous avons ici plusieurs Jean-Baptiste GODIN qui sont tous apparentés. On peut comprendre que le prêtre se soit trompé sur le nom du père de Jean-Baptiste GODIN lors de son mariage avec Françoise HACHÉ en 1810. Le Père Camille avait donc raison quand il a affirmé que ce Jean-Baptiste GODIN était venu s’installer à Petit-Rocher avec son vieux père François GODIN. L’acte de baptême de Jean-Baptiste GODIN confirme qu’il était le fils de  François GODIN et d’Anastasie DAIGLE.

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« a été baptisé Jean Baptiste né du légitime mariage de François Gaudin et d’Anastasie Daigle né du dix huit avril la même année (1787). Le parrain a été Joseph Roi et la marraine Marie Cormier.»[16]

Ce baptême figure parmi plusieurs baptêmes qui ont été fait par le missionnaire Antoine Girouard le 14 juin 1787 lors de son passage à Népisiguit. On note que Joseph ROY fut le parrain de Jean-Baptiste GODIN. Malgré le fait qu’il y avait très peu d’Acadiens à Népisiguit en 1787, il n’est actuellement pas possible de savoir qui était ce Joseph ROY car il y en avait déjà plus d’un qui portait ce nom.

Pour retrouver les origines de la famille ROY, il faut aussi découvrir le parcours de ces familles acadiennes qui ont reconstruit l’Acadie. La famille GODIN était proche de la famille ROY. Voyons quelle a été la route qui les a dirigé vers  la Baie-des-Chaleurs.

Commençons par les membres de la famille GODIN qui se sont installés à Petit-Rocher. Dans les 49 terres qui furent concédées au nord de Népisiguit le 16 juin 1812, nous retrouvons quelques membres de la famille de Marie Josèphe GODIN. Son frère François GODIN, époux d’Anastasie DAIGLE, avait reçu le lot no 45 pour 200 acres. Cette terre était située entre celle de Jean-Baptiste ROY, le lot no 46 au nord, et celle de Joseph Thomas ROY qui est le lot no 44 au sud. Jean-Baptiste GODIN, celui qui avait épousé Françoise HACHÉ et qui est le fils de François GODIN et aussi le neveu de Marie Josèphe GODIN, avait reçu le lot no 49 de 200 acres. Cette terre était voisine au nord de la terre de Thomas ROY et de Marie Josèphe GODIN qui est le lot no 48 de 190 acres. Au nord de la terre de Jean-Baptiste GODIN, il y avait la terre de Samuel BABBIT suivie de celle de Rémi GODIN, le frère de Jean-Baptiste GODIN, et qui reçut le lot no 51 de 200 acres. Rémi GODIN avait épousé, le 14 avril 1807 à Népisiguit, Théotiste LEJEUNE, fille Joseph LEJEUNE et de Marie MÉZIÈRE. Étaient présents « du côté de l’époux, de son père et de J.B. Godin son frère, du côté de l’épouse, de son père, de Joseph, Suzanne, les Lejeune, son frère et sa sœur »[17] Joseph ARSENEAU, époux de Marie-Anne GODIN qui est la sœur de Marie Josèphe, s’était fait concédé 415 acres répartis en deux lots. Le premier était le lot no 2 de 220 acres situé au sud de l’actuelle ville de Beresford et qu’on nommait alors le Petit Népisiguit. La deuxième terre était le lot no 34 de 195 acres et qui est situé à Petit-Rocher. Nous avons ici un portrait de l’entourage familial de Marie Josèphe GODIN à Petit-Rocher. 25 ans après que plusieurs membres la famille GODIN se soient installés à Caraquet, cette famille s’établissait maintenant à Petit-Rocher. La famille GODIN avait fait du chemin pour en arriver là.

La famille Godin réfugiée en Nouvelle-France.

Il serait fastidieux ici de présenter tout le parcours de la famille GODIN. La proximité de cette famille avec les ROY fait en sorte que plusieurs éléments méritent d’être analysés. On ne sait si c’est pendant ou après la déportation des Acadiens que plusieurs membres de la famille GODIN s’étaient réfugiés en Nouvelle-France. Quoi qu’il en soit, nous retrouvons les parents de Marie-Josèphe GODIN à Kamouraska en 1764.

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« L’an mil sept cents soixante et quatre le vingt du mois d’août […] de la paroisse de St-Louis de Kamouraska a été baptisé Marie Rosalie née d’hier au matin fille du légitime mariage de Jean Bapt. Godin de la Rivière St-Jean et de Angélique Bergeron son épouse aussi venant d’Acadie. Le parin a été Joseph Beaulieu et la mareine Marie Angélique Symar (Simard) femme du parin.»[18]

Rosalie fut le premier enfant de Jean-Baptiste GODIN et d’Angélique BERGERON à naître en dehors de l’Acadie. Jean-Baptiste et Angélique ont déclaré être originaires de la Rivière St-Jean en Acadie. Douze ans plus tard, ils étaient toujours dans la région de Kamouraska car ils y font baptiser Marie-Anne GODIN, née le 2 janvier 1776 et baptisée à Kamouraska le 26 mai 1776 à Kamouraska.[19] Marie-Anne GODIN est celle qui épousa Joseph ARSENEAU en 1792. Une autre sœur de Marie Josèphe GODIN fut baptisée à Kamouraska. Suzanne est née le 25 juillet 1779 et elle fut baptisée le 8 août de la même année.[20] Lors de ce baptême, le prêtre avait inscrit en marge qu’ils vivaient à Cacouna. À cette époque, nous sommes à moins d’une décennie avant que cette famille GODIN ne se retrouve à Caraquet.

Les registres paroissiaux nous révèlent que d’autres membres de la famille GODIN s’étaient également réfugiés dans cette région du Bas-du-Fleuve. Le 14 janvier 1772 à L’Isle-Verte, Ambroise GODIN, fils de René GODIN et de Françoise DUGAS, épousait Madeleine BERGERON, fille de Michel BERGERON et de Marie Jeanne HÉBERT.[21] Ambroise GODIN déclare être « de la paroisse Ste-Anne de la Rivière St-Jean maintenant de Cacouna ». Madeleine BERGERON était « de la St-Jean maintenant de Cacouna ».

Deux ans plus tard, Ambroise GODIN et Madeleine BERGERON étaient retournés à la Rivière St-Jean en Acadie. Deux de leurs enfants y ont été baptisés lors du passage du missionnaire Bourg en 1774.[22]

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« L’an mil sept cent soixante et quatorze le trente et un d’aout je soussigné missionnaire de l’Acadie ay supplié aux cérémonies de baptême de François Gaudin fils légitime d’Ambroise Gaudin et de Madeleine Bergeron, né le vingt huit juillet de cette année, ondoyé le même jour par Joseph Roy. Le parrain a été François Cormier, la marraine Marie Anne Barieau, qui ont déclarés ne savoir signer. Joseph M. Bourg missionnaire de l’Acadie»

Cinq jours plus tard, le missionnaire BOURG baptisait Marie Madeleine GODIN.

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« Marie Magdeleine Gaudin fille légitime d’Ambroise Gaudin et de Magdeleine Bergeron, née le premier janvier de l’année mil sept cent soixante et douze, ondoyé par Joseph Roy. Le parrain Jean-Baptiste Daigre, la marraine Madame Mercure »[23]

Marie Madeleine GODIN serait ainsi née 13 jours avant le mariage de ses parents en 1772 à L’Isle-Verte. C’est Joseph ROY qui avait ondoyé les deux enfants. Plusieurs enfants baptisés à la Rivière St-Jean en 1774 avaient aussi été ondoyés par Joseph ROY.

On retrouve Ambroise GODIN, Madeleine BERGERON et leurs deux enfants à Caraquet une douzaine d’années plus tard avec plusieurs autres membres de la famille GODIN. Le 17 octobre 1791 à Caraquet, Michel HACHÉ, fils de Joseph HACHÉ et de Madeleine DOUCET, épousait Marie GODIN, fille d’Ambroise GODIN et de Madeleine BERGERON.[24] Il ne fait pas de doute que cette Marie GODIN est Marie Madeleine GODIN née en 1772. Son acte de décès fait à Népisiguit en 1811 indique qu’elle est âgée d’environ 39 ans.[25] Le 23 novembre 1795 à Caraquet, François GODIN, le frère de Marie Madeleine, épousait Théotiste HACHÉ, fille de René HACHÉ et de Marguerite BLANCHARD de Caraquet. L’acte de mariage indique que François GODIN était le fils d’Antoine GODIN et de défunte Madeleine BERGERON.[26] Cet Antoine serait bel et bien Ambroise GODIN. L’acte de décès de François GODIN fait à Caraquet en 1811 indique qu’il était âgé de 35 ans et ceci correspond bien à François GODIN qui fut baptisé à la Rivière St-Jean en 1774.[27]

Après avoir suivi le parcours de quelques membres de la famille GODIN sur plus de trente ans, nous savons que cette famille était originaire de la Rivière St-Jean. Comme il a été mentionné plus tôt, il y avait également un Joseph ROY qui y vivait en 1774. Se pourrait-il que ce Joseph ROY soit l’un de ceux qui ont quitté la Rivière St-Jean pour venir s’établir dans la Baie-des-Chaleurs avec sa famille?

Les parents de Thomas Roy.

On peut supposer que les ROY installés à Népisiguit étaient tous apparentés à Thomas ROY mais cela reste à prouver. Le mariage de Thomas ROY et de Marie-Josèphe GODIN étant introuvable et il faudra scruter minutieusement les archives qui ont survécu pour reconstituer cette famille.

Quelques feuillets insérés dans le registre de Ristigouche contiennent des actes faits par le missionnaire BOURG lors de son passage Népisiguit en octobre 1792.[28]

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« Pisziguit 1792. Au Peziguit en l’an 1792. Le 28 octobre je soussigné ai suplé aux cérémonies de bateme des enfants cy dessous nommés savoir »

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« Magd. Née le six avril du lég. M. de Joseph Roy et de Magd. Daigle ondoyé par Joseph Roy grand père, le par. François Gaudin, la mar. Marguerite Roy.»

Cet acte de baptême de Madeleine ROY, le 28 octobre 1792, nous révèle que Joseph ROY était le père de Joseph ROY époux de Madeleine DAIGLE. Dans le registre, le missionnaire BOURG avait également inscrit ses comptes avec les Acadiens de Népisiguit à la suite des baptêmes et des mariages de 1792.

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« Joseph Roy père –, Joseph Roy fils sa femme, Thomas Roy sa – femme, Charles Comeau sa femme »

Dans cet extrait des comptes fait le 30 octobre 1792, Joseph ROY père est le seul qui n’a pas d’épouse et on peut supposer qu’il était veuf. Cette liste contient plus de 30 familles acadiennes vivant à Népisiguit en 1792. On y retrouve quelques familles qui se sont alliées à la famille ROY. Cette liste ne contient qu’un seul GODIN et c’est François GODIN. Comme nous l’avons vu plus haut, les autres GODIN étaient à Caraquet sur leur terre reçue par concession en 1787. Charles COMEAU est l’époux de Marguerite ROY. Ces derniers avaient fait baptiser Marie-Charlotte lors du de passage du missionnaire BOURG à Népisiguit le 5 juin 1795.

Ce jour-là, plusieurs baptêmes furent célébrés et on en retrouve cinq qui étaient des familles ROY et GODIN.[29]

Marie-Charlotte COMEAU née le 30 avril 1794 de Charles COMEAU et de Marguerite ROY, ondoyée par Joseph ROY et baptisée le 5 juin 1795 à Népisiguit. Le parrain Joseph ROY. La marraine Madeleine LEJEUNE.

Belonie ROY né le 4 mars 1794 de Thomas ROY et de Marie Josèphe GODIN, ondoyé par Joseph ROY et baptisé le 5 juin 1795 à Népisiguit. Le parrain Joseph ARSENEAU. La marraine Marie MÉZIÈRE.

Hubert ROY, né le 18 novembre 1794 de Joseph ROY et Madeleine DAIGLE et baptisé le 5 juin 1795 à Népisiguit. Ondoyé par Pierre DOUCET. Le parrain Luc DOUCET. La marraine Marie LÉGER.

Fidèle ARSENEAU né le 11 février 1794 de Joseph ARSENEAU et de Marie Anne GODIN et baptisé le 5 juin 1795 à Népisiguit. Ondoyé par la sage-femme. Le parrain Thomas ROY. La marraine Pélagie DOUCET.

Siffroy GODIN né le huit avril 1794 de François GODIN et d’Anastasie DAIGLE et baptisé le 5 juin 1795 à Népisiguit. Ondoyé par Jean-Baptiste GODIN. Parrain Jean CHIASSON. Marraine Marguerite MARQUISE.

Vu que Joseph ROY père était possiblement veuf en octobre 1792, le nom de son épouse ne sera probablement pas mentionné dans les registres de la région après cette date.

Le 18 avril 1828, le prêtre LEDUC de Népisiguit écrivait à l’évêque de Québec :

« Mariages par le missionnaire Parent à Petit Rocher. Pierre Roy avec Angelle Nemthe, issus de Obit Nemte et Marguerite Marquis, cette dernière avait été mariée auparavant à Louis Lejeune, frère de mère de Thomas Roy, père de Pierre. »[30]

On ne sait pas pourquoi le prêtre LEDUC avait écrit ceci à l’évêque de Québec. C’est peut-être qu’il y avait un problème avec le mariage de Pierre ROY avec Angèle NEMTHE et que le prêtre avait voulu expliquer la situation. Louis LEJEUNE étant frère de mère de Thomas ROY revient à dire qu’ils avaient la même mère.  Ce diagramme présente les informations de la lettre du prêtre LEDUC.

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Figure 1. Alliances familiales d’après la lettre du prêtre Leduc en 1828.

À première vue, il n’y avait pas de parenté par consanguinité entre Pierre ROY avec Angèle NEMTHE. Ceci demeure une piste intéressante à explorer car il n’y a peut-être pas de document qui mentionne directement le nom de la mère de Thomas ROY. Il faut prendre en considération ici que cette lettre du prêtre LEDUC a été écrite au printemps de 1828 alors que Thomas ROY était toujours vivant et qu’il vivait alors avec sa deuxième épouse Marguerite JOHNSON. Il serait surprenant que le père LEDUC ait fouillé tous les anciens registres paroissiaux de la région pour informer l’évêque de Québec. Il pouvait facilement obtenir ces informations des personnes concernées ou de la famille immédiate.

Voyons le mariage de Pierre ROY et d’Angèle NEMTHE qui avait été célébré par le missionnaire PARENT à Petit-Rocher en 1816.

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«Le dix huit juin mil huit cent seize […] entre Pierre Roy, fils mineur de Thomas Roy cultivateur et capitaine de milice et de défunte Marie Joseph Godin, du Petit Rocher d’une part et Angélique Noute fille mineure de défunt Jean Noute, et de Marguerite Marquise aussi du Petit Rocher […] en présence de Thomas Roy, père de l’époux, et de François Godin oncle de l’épouse.»[31]

Ce François GODIN, oncle d’Angèle NEMTHE, qui était présent à ce mariage à Petit-Rocher en 1816 était probablement le frère de Marie-Josèphe GODIN, la mère de Pierre ROY. À cette époque à Petit-Rocher, il n’y avait pas d’autre François GODIN qui aurait pu être assez âgé pour être un oncle d’Angèle.  À ce stade-ci, on ne peut affirmer hors de tout doute que Pierre ROY et Angèle NEMTHE n’étaient pas apparentés mais on y décèle déjà les germes d’une grande proximité entre ces familles.

Pierre ROY et Angèle NEMTHE furent baptisés en 1796 à Népisiguit. Voici celui de Pierre ROY.

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« Le huit septembre mil sept cent quatre vingt seize […] a été baptisé Pierre né de la veille du légitime mariage de Thomas Roy et de Marie Josèphe Godin. Le parrain a été François Godin oncle de l’enfant et la marraine Magdeleine Lejeune. […] Fait à Nepisiguit le jour et l’an prescrit. »[32]

Il ne fait pas de doute ici que le parrain François GODIN, oncle de l’enfant, était le frère de Marie-Josèphe GODIN. Pierre ROY avait donc 19 ans lors de son mariage en juin 1816. Voyons le baptême d’Angèle NEMTHE.

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« Marie-Angélique née le quatre novembre mil sept cent quatre vingt quinze du légitime mariage d’Aubit Nut et de Marguerite Marquise. Le parrain a été Michel Daigle, oncle de l’enfant et la marraine Françoise Lejeune sa sœur. »[33]

Nous retrouvons ici deux nouvelles personnes qui sont apparentées à Angèle NEMTHE. Michel DAIGLE, son oncle, et sa sœur – ou plutôt sa demi-sœur – Françoise LEJEUNE. Ceci confirme les informations du prêtre LEDUC dans sa lettre, en 1828, qui indiquait que Marguerite MARQUIS avait été mariée à un LEJEUNE. Michel DAIGLE, son oncle, était le seul de ce nom qui vivait dans la région à cette époque. Tel que mentionné plus haut, Michel DAIGLE était aussi l’oncle de Jean-Baptiste GODIN lors de son mariage avec Françoise HACHÉ à Népisiguit en 1810. Michel DAIGLE était le frère d’Anastasie DAIGLE, épouse de François GODIN qui est le frère de Marie-Josèphe GODIN, l’épouse de Thomas ROY. Il y a également Madeleine DAIGLE, épouse de Joseph ROY qui est le fils de Joseph ROY qui était possiblement veuf en 1792. Et nous avons finalement Marguerite ROY épouse de Charles COMEAU. Est-ce que ces ROY étaient tous de la même famille et tous apparentés avec ces gens?

Nous voici devant un chassé-croisé d’alliances familiales qui deviennent assez difficiles à suivre. On y voit plus clair en ajoutant les informations que nous avons dans le diagramme qui a été fait à partir de la lettre du prêtre LEDUC.

RoyThomas_1792_frere_LejeuneLouis

Figure 2. Alliances de la famille ROY à Népisiguit.

Cliquez sur l’image pour voir le diagramme agrandi dans une autre fenêtre.

Légende : Un trait plein indique une filiation confirmée par un document. Un trait pointillé indique une filiation à trouver. Un point d’interrogation représente un nom inconnu, et un nom souligné indique que cette personne a été mentionnée dans un acte avec un lien de parenté tel que: oncle, tante, frère, sœur, grand-père, etc.

Nous avons ici plusieurs familles alliées qui vivaient à Népisiguit avant 1800 et où plusieurs d’entre elles se sont installées à Petit-Rocher. On observe que la famille GODIN avait des alliances confirmées avec toutes ces familles, d’où la nécessité d’avoir suivi le parcours de cette famille après la déportation des Acadiens. En 1812, deux jours après que plusieurs de ces familles se firent concéder une terre à Petit-Rocher, quelques-unes de ces familles se firent aussi concéder la terre qu’ils avaient habité à Népisiguit.

Ces concessions étaient une réponse favorable du gouvernement, quoique bien tardive, et qui faisait suite à une pétition que Joseph ROY avait fait 22 ans plus tôt avec onze Acadiens pour avoir une terre. Dans cette pétition de 1790, nous retrouvons Joseph ROY, Joseph ARSENEAU, Joseph BERTIN, Sylvain BOUDREAU, Charles COMEAU, Charles DOUCET, Pierre DOUCET, François GODIN, Jean LAVIGNE, Joseph LEBLANC, Maturin THIBAULT, et Joseph YOUNG (LEJEUNE).[34]

Quand elles reçurent enfin cette concession à Népisiguit, la plupart de ces familles avaient déjà quitté ces lieux pour défricher une terre dans la région Petit-Rocher et de Beresford. Parmi les 12 concessionnaires du 18 juin 1812 à Népisiguit, nous retrouvons des noms familiers. Joseph LEJEUNE sénior avait reçu le lot no 1 de 230 acres, Joseph ROY sénior reçut le lot no 2 de 210 acres, et Thomas ROY reçut le lot no 3 de 230 acres. Les autres concessionnaires se partagèrent une terre de 540 acres qui fut partagée en 9 parties égales de 60 acres. Nous y retrouvons Michel HACHÉ, Simon ARSENEAU, Antoine DEGRACE junior, Dominique DOUCET, Joseph DOUCET sénior, Pierre DOUCET sénior, Romain LELANC, Joseph LEJEUNE sénior, Louis MELANSON, et Jean-Baptiste PITRE.[35]

Nous retrouvons tous ces concessionnaires sur une carte cadastrale de Népisiguit, aujourd’hui Bathurst.[36]

CarteBathurst_lots_Roy_1812-06-18

Le tableau généalogique de la figure 2 n’incluait pas les actes qui avaient été présentés dans la troisième partie sur les origines de Placide ROY. Le 6 mai 1806, Joseph ROY, fils de Thomas Roy et de Marie-Josèphe GODIN, avait épousé Judith BOUDREAU, fille de Cyprien BOUDREAU et de Françoise MELANSON. Étaient présents au mariage : Thomas ROY, père de l’époux, Jean-Baptiste ROY frère de l’époux et Joseph ROY oncle de l’époux.[37] Thomas et Joseph ROY étaient donc des frères et tous les deux fils de Joseph ROY père. Comme les registres ne mentionnent plus Joseph ROY père à l’époque qui précède le déplacement de la famille ROY à Petit-Rocher, on peut affirmer que Joseph ROY sénior est le frère de Thomas ROY et que Joseph ROY junior est le fils de Joseph ROY sénior. Pour ce qui est de Joseph ROY, fils de Thomas ROY, toutes les transactions foncières et les cartes cadastrales l’identifient sous le nom de Joseph Thomas ROY.

Un autre mariage confirme que Joseph ROY sénior était le frère de Thomas ROY. Le 21 janvier 1808 à Népisiguit, Jean-Baptiste ROY, fils majeur de Thomas ROY, « capitaine de milice en cette place », et de Marie-Josèphe GODIN, épousait Marie GRANT, fille mineure de Jean-Baptiste GRANT et de défunte Anne WELCH. Étaient présents du côté de l’époux, « de son père, de Joseph ROY son frère, et de Joseph ROY son oncle ». Du côté de l’épouse, « Pierre, Dominique, Charles, les Doucet, le père ayant donné verbalement son consentement le dix huit du présent mois ».[38]

Ce jour-là, il y eut un autre mariage qui confirme quelques filiations de la famille LEJEUNE. Le 21 janvier 1808 à Népisiguit, Laurent DOUCET, fils majeur de Michel DOUCET et d’Anne BOUDREAU, épousait Marie LEJEUNE, fille majeure de défunt Louis LEJEUNE et de Marie Marguerite MARQUISE, en présence du côté de l’époux, « de son père, de Pierre, Charles, Cyprien les DOUCET, ses frères ». Du côté de l’épouse, « de Luc DOUCET son beau-frère, de Joseph LEJEUNE son oncle ».[39]

Cet acte de mariage confirme que Marguerite MARQUIS a bien été l’épouse de Louis LEJEUNE et que ce dernier était aussi le frère de Joseph LEJEUNE. Marguerite MARQUIS, comme on l’a vu plus tôt, était veuve depuis un certain temps car elle s’était remariée à Obit NEMTHE. Marguerite était également veuve d’Obit NEMTHE en 1808 car elle s’était remariée sept ans plus tôt. Le 8 avril 1801, à Maria en Gaspésie, Pierre GOULET, veuf de Charlotte FERLATE, épousait Marguerite MARQUIS, veuve  d’« Aubet NOUTZ » (NEMTHE) en présence de Charles LANDRY, Gabriel AUDET et Joseph AUDET.[40] Deux semaines plus tard, toujours à Maria en Gaspésie, on retrouve une Marie LEJEUNE comme marraine et cousine de Luce GOULET, née le 16 mars et baptisée le 26 avril 1801 du mariage de Jean GOULET et de Pauline COMEAU de Maria. Le parrain a été Jean COMEAU, oncle.[41]

Le 18 mai 1808 à Népisiguit, Joseph BRIARD dit LEJEUNE, fils majeur de Joseph LEJEUNE et de Marie MÉZIÈRE, épousait Pélagie DOUCET, fille majeure de Michel DOUCET et de Marie Anne BOUDREAU. En présence du côté de l’époux, « de son père, de Rémi GODIN et Charles DOUCET ses beaux-frères ». Du côté de l’épouse, « de Laurent, Pierre, Cyprien, les DOUCET, ses frères ».[42] Dans les années suivantes, il y a plusieurs actes qui mentionnent des membres de la famille LEJEUNE et BRIARD dit LEJEUNE qui confirment que ces LEJEUNE étaient tous apparentés.

Avant 1806, l’année où a débuté le registre de Népisiguit, ce sont les registres de Caraquet qui nous révèlent des informations sur ces familles alliées à la famille ROY. Les registres de Caraquet étant manquants entre 1797 et 1805, il vaut la peine de scruter le registre après cette période jusqu’au moment où la plupart des familles alliées à la famille ROY se sont établies à Petit-Rocher et à Beresford. Nous trouvons Joseph GODIN, décédé le 9 et inhumé le 11 novembre 1809, qui est un veuf âgé d’environ 90 ans; ce qui le ferait naître vers 1719. Joseph GODIN fut inhumé en présence de Jean-Baptiste et Michel GODIN, ses enfants, et de Pierre GODIN, son petit-fils.[43] Ce Joseph GODIN ne peut être que Jean-Baptiste GODIN époux d’Angélique BERGERON car il était le seul de sa génération à Caraquet à avoir deux fils nommés Jean-Baptiste et Michel GODIN et un petit-fils nommé Pierre GODIN.

Dix jours après que le vieux Joseph GODIN a été enterré, il y a eu le mariage en secondes noces de Michel DAIGLE. Cet acte de mariage nous confirme que Michel DAIGLE était le frère d’Anastasie DAIGLE, épouse de François GODIN. Nous apprenons aussi que Madeleine DAIGLE, épouse de Joseph ROY sénior, était leur sœur. Le 21 novembre 1809 à Caraquet, Michel DAIGLE, veuf « en premières noce de Tharsile DOUCET de la mission de Nipisigui », épousait Bathilde (ou Mathilde) LANDRY, fille majeure de Rémi LANDRY de cette mission et de Charlotte DOIRON; en présence, « du côté de l’époux de Pierre DOUCET son cousin germain, Joseph ROY, Jean-Baptiste GODIN ses neveux de Nipisigui. Du côté de l’épouse, de son père, d’Omer LANDRY son frère, Joseph, Pierre, Thadée, ses oncles ». Rémi LANDRY, Thadée LANDRY et Michel LANDRY ont signé.[44] Jean-Baptiste GODIN, le neveu de Michel DAIGLE, était le fils d’Anastasie DAIGLE et de François GODIN. Le neveu Joseph ROY était le fils de Joseph ROY sénior et de Madeleine DAIGLE.

Et pour conclure cette période, nous revenons en 1806 aux débuts du registre de Népisiguit. Bathilde ROY, fille de Joseph ROY et de Madeleine DAIGLE fut baptisée le 27 avril 1806 à Népisiguit. Parrain Joseph ROY, frère de l’enfant. Marraine Pélagie DOUCET.[45]

Dans la génération de Thomas ROY au tableau des alliances de la famille ROY (figure 2), il ne reste plus qu’une seule filiation à trouver. Il n’y a aucune indication dans les registres de cette époque qui pourrait confirmer le lien de parenté entre Marguerite ROY et la famille de Thomas ROY. Marguerite ROY a pourtant été marraine de plusieurs enfants de la famille ROY et des familles alliées. La proximité de Marguerite ROY avec ces familles suggère qu’elle était possiblement une proche parente.

Certains actes nous ont présenté Thomas ROY comme capitaine de milice. Ce poste d’officier était nommé par le gouvernement. Cette nomination était souvent accompagnée de fonctions additionnelles où le capitaine de milice devait agir comme juge ou comme procureur au nom du gouvernement. Il devait régler des litiges, souvent à cause de conflits au sujet des limites des terres, et il devait assurer le bon maintien de l’ordre dans la communauté. Il devait aussi faire respecter les ordonnances du gouvernement. Pour ainsi dire, c’était les ordres du gouvernement qu’il devait appliquer. Les grandes décisions venaient principalement du gouverneur, ou du lieutenant-gouverneur, qui devaient maintenir leur autorité et leur influence face au gouvernement britannique.

En 1795, les Acadiens de la Baie-des-Chaleurs étaient considérés comme des citoyens de second ordre. Dans le Bas-Canada, aujourd’hui le Québec,  les Acadiens étaient toujours des réfugiés que le gouvernement tolérait et on ne savait plus vraiment si on devait leur concéder des terres ou les laisser aller à eux-mêmes. La majorité des Acadiens qui avaient défriché une terre au nord de la Baie-des-Chaleurs, en Gaspésie, s’étaient fait concédé une terre mais leur titres de propriété n’a été officialisé que beaucoup plus tard et parfois aussi loin que quelques décennies après la concession.

Avant que Thomas ROY soit capitaine de milice, le gouvernement du Nouveau-Brunswick l’avait d’abord nommé au poste de Commissionnaire des grandes routes du district de Népisiguit.[46]

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En août 1795, une dizaine d’années après la création du Nouveau-Brunswick, Thomas ROY, Pierre DOUCET et Antoine DEGRACE avaient été nommés par le gouvernement dans un poste officiel du district de Népisiguit. C’est un signe que Thomas Roy avait sans doute déjà une certaine notoriété dans la petite communauté de Népisiguit. Pour mesurer l’ampleur de la nomination de Thomas ROY, il faut souligner qu’elle eut lieu au moment où Antoine DEGRACE avait été nommé constable. Antoine DEGRACE a eu une nombreuse descendance dans la région de Népisiguit et de Petit-Rocher mais la présence de cette famille en Acadie avait débuté avec Antoine. Originaire d’Espagne, Antoine DEGRACE avait été envoyé au collège à l’âge de 7 ans et, quand il en sortit, il s’enrôla dans la marine française sous la protection de son oncle François Joseph Paul, marquis de GRASSE TILLY et comte de GRASSE. Il fut après envoyé en Martinique, une possession française aux Indes Occidentales. De là il passa à Québec d’où il vint à Népisiguit.[47] Antoine DEGRACE a épousé une Acadienne nommée Angélique HACHÉ le 3 juillet 1787 à Népisiguit.[48] Le parcours d’Antoine DEGRACE ne ressemble en rien à celui de Thomas ROY. Toutefois, à partir de 1795, Thomas ROY avait occupé un poste important et il s’était bien accompli de ses fonctions de commissionnaire des routes car il fut nommé capitaine de milice peu de temps après.

Les pages manquantes du registre de Caraquet entre 1797 et 1805 auraient pu nous en apprendre plus sur ces familles de Népisiguit. Avant 1797, les registres acadiens étaient souvent un ramassis de feuillets que les missionnaires rassemblaient après leur passage dans les petits établissements. Ces registres qui ont survécus sont un témoignage de la mouvance et de la dispersion des Acadiens sur plus d’un quart de siècle après la déportation. Les feuillets retrouvés à Caraquet, rédigés entre 1787 et 1796, nous révèlent plusieurs informations sur la famille ROY à Népisiguit. Ces informations prendront toute leur importance pour retrouver les traces de la famille ROY dans les années qui suivirent le Grand Dérangement des Acadiens.

Voyons six actes de baptêmes qui eurent lieu entre 1790 et 1796 à Népisiguit et qui témoignent de la présence de ces familles.[49]

Luc ROY né le 3 août 1796 de Joseph ROY et Madeleine DAIGLE  et baptisé le 11 septembre 1796 à Népisiguit. Parrain Sylvain HACHÉ. Marraine Marie LEJEUNE.

Joseph ARSENEAU né le 10 février 1796 de Joseph ARSENEAU et Marie Anne GODIN et baptisé le 21 février 1796 à Népisiguit. Le parrain Pierre DOUCET, oncle de l’enfant. La marraine Anastasie DAIGLE sa tante.

Anastasie VIENNEAU née le 15 novembre 1790 de Baptiste VIENNEAU et de Madeleine LEJEUNE et baptisée le 10 juillet 1791. Ondoyée par Joseph ROY. Parrain Joseph LEJEUNE. Marraine Anastasie DAIGLE.

Henriette Roy née le 10 août 1790 de Thomas ROY et de Marie Josèphe GODIN et baptisée le 10 juillet 1791 à Népisiguit. Ondoyée par Joseph ROY. Parrain Joseph LEBLANC Marraine Marguerite ROY.

Jean Pierre ROY, née le 6 septembre 1789 de Joseph ROY et de Madeleine DAIGLE et baptisé le 10 janvier 1790. Parrain Michel DAIGLE. Marraine Anne DAIGLE.

Marie-Anne COMEAU, née en juillet 1789 de Charles COMEAU et de Marguerite ROY et baptisée le 10 janvier 1790. Parrain Thomas ROY. Marraine Madeleine DAIGLE.

On remarque que certains baptêmes eurent lieu le même jour et que tous les enfants étaient nés depuis un certain temps. Comme il n’y avait pas de missionnaire résident à Népisiguit, les baptêmes, comme les mariages, avaient lieu quand le missionnaire se présentait dans la communauté. Le missionnaire avait également visité Népisiguit en 1788 et en 1789 mais le registre ne nous révèle rien sur la famille ROY pour ces deux années.

En 1787, les pages du registre abondent d’informations sur ces familles. Durant l’été, il y a eu huit enfants, issus de ces familles alliées aux ROY, qui furent baptisés le 13 juin, le 14 juin et le 8 juillet 1787 à Népisiguit. Tel que mentionné plus tôt, il y eut le baptême de Jean Baptiste GODIN, fils de François GODIN et d’Anastasie DAIGLE, qui avait été baptisé le 14 juin. Voyons qui étaient à Népisiguit en 1787.[50]

Antoine LEJEUNE, né en février 1787 (âgé de 5 mois), de Louis LEJEUNE et de Marguerite MARQUIS,  baptisé le 8 juillet 1787 à Népisiguit. Le parrain « maître Antoine DEGRACE ». La marraine Anne DAIGLE.

Le même jour, Charles COMEAU et Marguerite ROY faisaient baptiser leur fils Charles et puis ce fut Joseph LEJEUNE et Marie MÉZIÈRE qui firent baptiser leur fils Joseph.

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Charles COMEAU, né en avril 1787 (âgé de 3 mois), de Charles COMEAU et de Marguerite ROY, baptisé le 8 juillet 1787 à Népisiguit. Le parrain Joseph ROY. La marraine Marie Anne BÉRIAULT.

Joseph LEJEUNE, né le 18 janvier 1787 (âgé de 6 mois moins 10 jours), de Joseph LEJEUNE et de Marie MÉZIÈRE, baptisé le 8 juillet 1787 à Népisiguit. Le parrain Jean-Baptiste VIENNEAU. La marraine Rose BOUDREAU.

Trois semaines auparavant, il y avait eu quatre  garçons qui avaient été baptisés et qui étaient issus de la famille ROY et des familles apparentées.

Jean-Baptiste GODIN, né le 8 avril 1787 de François GODIN et Anastasie DAIGLE, baptisé le 14 juin 1787 à Népisiguit. Le parrain Joseph ROY. La marraine Marie CORMIER.

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Jean-Baptiste ROY né le 9 mai 1787 de Thomas ROY et de Marie Josèphe GODIN, baptisé le 14 juin 1787. Parrain Jean-Baptiste GODIN. Marraine Marie-Anne BERIAUT.

François Rémi GODIN, de François GODIN et Anastasie DAIGLE, âgé de 2 ans, baptisé le 14 juin 1787 à Népisiguit. Le parrain Jean-Baptiste GODIN. La marraine Josèphe HÉBERT.

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Joseph ROY de Joseph ROY et de Madeleine DAIGLE baptisé le 13 juin 1787. Parrain Joseph ROY, marraine Marie-Anne BÉRIOT.

Tous les actes conservés au registre de Caraquet nous indiquent que la famille ROY n’était pas à Népisiguit avant 1787. Lors de ces baptêmes, l’âge déclaré des enfants nous place devant deux hypothèses. La première est que ces familles seraient arrivées à Nepisiguit au printemps 1787 ou un peu avant. Ceci est possible mais peu probable car ces familles seraient arrivées à la fin de l’hiver alors que la majorité de ces femmes étaient assez près d’accoucher d’un enfant. Aucun événement historique ou familial ne vient appuyer les raisons pourquoi ces familles auraient pu s’exiler pendant ou à la fin de l’hiver 1786-1787. La deuxième hypothèse, qui me semble plus plausible, est que ces familles étaient à Népisiguit en 1786. Ces familles seraient probablement arrivées Népisiguit avant l’automne 1786 et assez tôt dans l’année pour s’établir assez convenablement pour passer l’hiver.

Il faut souligner que le registre de Caraquet contient des actes qui remontent aussi loin que les années qui suivirent le traité de 1763. Durant cette période, la majorité de ces actes qui ont été conservés à Caraquet, sinon tous pour les plus anciens, n’eurent lieu ni à Caraquet, ni dans la Baie-des-Chaleurs. Le missionnaire en fonction – et il était bien seul ce missionnaire – couvrait alors toute l’Acadie qui incluait alors le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, le Cap-Breton, l’Île Saint-Jean qui est aujourd’hui l’Île-du-Prince-Édouard, et aussi parfois la rive nord de la Baie-des-Chaleurs en Gaspésie.

Malgré les lacunes dans les registres, nous avons assez d’informations pour affirmer que la famille ROY et quelques autres familles alliées sont arrivées à Népisiguit en 1786. Les actes présentés plus tôt nous confirment que plusieurs membres de cette famille étaient témoins aux mariages ou parrain ou marraine lors des baptêmes. L’année 1787 nous a présenté plusieurs personnages qui ont été dans l’entourage de la famille ROY pendant plusieurs années et même, pour certains, durant plusieurs décennies. Nous observons aussi une femme qui ne fut jamais mentionnée dans les registres à Népisiguit ou ailleurs après 1787. Marie-Anne BÉRIOT avait été assez proche de la famille ROY pour être la marraine de trois enfants. Le baptême du 13 juin 1787 avait été le premier de toute l’histoire de la famille ROY à Népisiguit et c’était celui de Joseph ROY, fils de Joseph ROY et de Madeleine DAIGLE. Le parrain était assurément son grand-père Joseph ROY et la marraine était Marie-Anne BÉRIOT. Marie-Anne pourrait-elle être la grand-mère du petit Joseph ROY?

Chez les familles qui vivaient à Népisiguit en 1787, plusieurs étaient nouvellement arrivées. Le tableau des familles alliées à la famille ROY (figure 2) ne comporte plus que quelques personnes à identifier à la génération de Joseph ROY père et dont l’épouse avait épousé un LEJEUNE qui était le père de Louis et de Joseph LEJEUNE. Marie-Anne BÉRIOT devient ici une candidate idéale pour être l’épouse de Joseph ROY père. À ce stade-ci, cette filiation entre Marie-Anne BÉRIOT et Joseph ROY n’a pas encore été confirmée par un document.

À compter de 1783-1784, lorsque le gouvernement du Nouveau-Brunswick a permis aux habitants de demander une terre qui appartenait à la Couronne, les Acadiens avaient naturellement demandé qu’on leur concède la terre qu’ils avaient déjà défriché. Pour plusieurs, cette demande leur avait été refusée parce que leur terre avait déjà été concédée à une autre personne. L’arrivée des Loyalistes qui avaient combattu lors de la guerre d’indépendance des États-Unis avait précipité les concessions de terres. Ces concessions étaient faites sans considérer que certaines terres étaient déjà habitées. Le gouvernement avait tout simplement substitué l’appropriation d’une terre déjà bien occupée par une famille acadienne par un titre de propriété qui était accordé à un Loyaliste qui avait aussi été déraciné de sa terre en Nouvelle-Angleterre.

Pour ces raisons, plusieurs familles acadiennes ont dû quitter la terre sur laquelle elles vivaient depuis plus d’une dizaine d’années. Ces familles se sont alors dirigées vers des régions qui étaient très peu colonisées ou qui n’étaient pas encore convoitées par les Loyalistes. Cette dispersion des familles acadiennes a fait en sorte que de petits établissements se sont rapidement formés à des endroits qui n’étaient pas habités une dizaine d’années plus tôt. D’autre part, les marchands britanniques et jersiais encourageaient la venue des Acadiens dans la Baie-des-Chaleurs afin d’avoir une main d’œuvre suffisante pour faire progresser leur commerce des pêcheries. L’arrivée de plusieurs familles acadiennes dans la région de Népisiguit vers 1786 s’inscrit parfaitement dans cette mouvance.

Avant cette dispersion occasionnée par l’arrivée des Loyalistes, plusieurs Acadiens avaient eu le temps de demander une terre. En 1785, Thomas ROY avait fait une pétition avec le capitaine CAMPBELL. Tous les deux demandaient une terre dans le comté de York.[51] Le comté de York avait été créé en 1785 peu après que le Nouveau-Brunswick fut détaché de la Nouvelle-Écosse.

Nouveau-Brunswick_1786

Les huit comtés du Nouveau-Brunswick en 1785.[52]

Le grand comté de York était principalement habité par les Micmacs. Il avait quelques petites communautés le long de la Rivière Saint-Jean où il y avait des Acadiens qui cohabitaient avec les Micmacs et les Malécites. Selon les registres des missionnaires, le principal établissement était Ekoupahag[53] qui était situé dans la région de l’actuelle ville de Fredericton. Thomas ROY vivait probablement à cet endroit quand il fit sa pétition de terre en 1785.

La Rivière Saint-Jean.

Le gouvernement ne concéda pas de terre à Thomas ROY à la Rivière Saint-Jean. Ceci peut sembler surprenant au fait que le cosignataire de sa pétition était le capitaine Walter CAMPBELL. Ce dernier avait dirigé une compagnie du second bataillon du lieutenant-colonel Stephen DELANCEY. Ce bataillon avait combattu lors des campagnes britanniques en Georgie et en Caroline du Sud.[54] À la fin de la guerre, Walter CAMPBELL avait reçu un demi-salaire et il s’était établi au Nouveau-Brunswick.[55]

Comme nous avons vu plus tôt, la famille GODIN vivait à la Rivière Saint-Jean avant de se réfugier en Nouvelle-France. Nous avons aussi retrouvé deux enfants d’Ambroise GODIN et de Madeleine BERGERON qui avaient été baptisés à la Rivière Saint-Jean en 1774. Le premier enfant, François GODIN, avait été ondoyé par Joseph ROY et avait eu comme parrain et marraine, François CORMIER et Marie-Anne BERIEAU. Le second enfant, Marie Madeleine GODIN, avait également été ondoyé par Joseph ROY et avait eu comme parrain et marraine Jean-Baptiste DAIGLE et madame MERCURE. En toute évidence, Joseph ROY et Marie-Anne BÉRIOT étaient tous les deux à la Rivière St-Jean avant de se retrouver à Népisiguit en 1786.

Le 1er février 1786, nous retrouvons Joseph ROY parmi dix-huit personnes qui se firent concéder une terre à la Rivière St-Jean.[56] Voyons qui étaient ces concessionnaires.

  • AUBERT (ou HÉBERT), François, 140  acres
  • DAIGLE, Baptiste, 200  acres
  • GODIN, Alexandre, 50  acres
  • GODIN, François, 120  acres
  • GODIN, Jean-Baptiste, 60  acres
  • GAUDREAU, Maturin, 190  acres
  • KESSEY, Cain, 170  acres
  • LEJEUNE, Louison, 120  acres
  • MAZEROLLE, Mathurin, 230  acres
  • MAZEROLLE, Paul, 140 acres
  • MAZEROLLE, Pierre, 170 acres
  • PINETTE, Pierre, 150 acres
  • ROY, Joseph, 200 acres
  • THIBODEAU, Alexis, 200  acres
  • VIENNEAU, Baptiste, 200  acres
  • WHITE (LEBLANC), Augustin, 85 acres
  • WHITE (LEBLANC), Charles, 70 acres
  • YOUNG (LEJEUNE), Joseph, 140  acres

Parmi eux, nous pouvons identifier plusieurs Acadiens qui se sont établis à Népisiguit. Nous pouvons identifier ces terres sur une carte cadastrale de Douglas qui est situé sur la rive nord de la Rivière Saint-Jean tout près de l’actuelle ville de Fredericton. Douglas est situé en face de Kingsclear située sur la rive sud et qui est l’actuel nom de la région où était située la mission d’Ekoupahag.[57]

GRPA126_Kingsclear

Le lot no 15 de Joseph ROY (encadré en bleu) était situé entre celui d’Alexis THIBODEAU et celui de Louison LEJEUNE. À la gauche du lot d’Alexis THIBODEAU, on retrouve aussi une terre appartenant au capitaine Walter CAMPBELL. C’était de bien belles concessions mais la majorité de ces familles avaient déjà quitté la région quand ces terres leur furent accordées. Les concessions faites aux Loyalistes qui avaient dépossédé ces familles acadiennes les avaient déjà chassées de la région.

Quelques Acadiens avaient demandé une compensation pour les travaux qui avaient été effectués sur leurs terres. Ils demandaient aussi une nouvelle terre comme compensation. Le 26 août 1785, le conseil exécutif demandait au comité des terres de faire évaluer les améliorations faites par les acadiens de « Lower French Village » (Ekoupahag, Kingsclear). Le conseil exécutif acquiesça à la demande des Acadiens pour avoir une terre à Miramichi.[58] Il faut préciser ici que Miramichi faisait partie de la paroisse civile d’Alnwick du grand comté de Northumberland. Alnwick comprenait alors l’actuelle ville de Miramichi mais aussi des territoires aussi loin que Néguac, Népisiguit, Beresford et Petit-Rocher. S’il est vrai que certains Acadiens de la Rivière Saint-Jean se firent concéder une terre à Miramichi, certains historiens et généalogistes sont dans l’erreur quand ils affirment que la famille de Joseph ROY s’était d’abord établie à Miramichi.

Suite aux requêtes des Acadiens de la Rivière Saint-Jean, les concessions de terres se firent beaucoup plus rapidement que les compensations monétaires. Une ordonnance du conseil exécutif du Nouveau-Brunswick datée du 8 mai 1789 accordait une compensation monétaire de $100 à Daniel GODIN et à Jean MARTIN pour les améliorations qu’ils avaient fait sur les lots qui étaient devenus la propriété de Joseph LEE et de John ESTY.[59] Cette ordonnance pourrait laisser croire que tout était réglé mais il semble que ce ne fut pas le cas. Les titres de propriété des terres d’Ekoupahag ne furent officialisés que dix ans plus tard. Le 31 décembre 1799, Joseph LEE recevait un domaine de 750 acres tandis que John ESTY s’était fait accorder 570 acres. Tout le territoire d’Ekoupahag avait ainsi passé aux mains de 71 concessionnaires dont la majorité était des Loyalistes. Les pertes de Jean MARTIN et de Daniel GODIN avaient été considérées puisqu’ils se firent respectivement concéder une terre de 100 et de 153 acres à Kingsclear. Joseph GODIN, avec une terre 80 acres, et Joseph MARTIN, avec une terre de 100 acres furent les seuls autres Acadiens qui se firent concéder une terre.[60]

Ces concessions nous permettent d’identifier le lieu où habitaient les Acadiens d’Ekoupahag. Sur une carte cadastrale de Kingsclear, nous retrouvons les terres de Daniel GODIN, de Jean MARTIN et de Joseph MARTIN ainsi que la terre de John ESTY.[61]

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La terre de Jean MARTIN de 153 acres est le lot no 39. Son voisin John ESTY possède le lot no 40 de 570 acres. La terre de 153 acres de Daniel GODIN est le lot no 49. Cet extrait de la carte ne montre qu’une petite partie des terres qui avaient été occupées par les Acadiens d’Ekoupahag.

Un autre document vient confirmer la présence de plusieurs familles acadiennes établies à Ekoupahag et qui se sont retrouvées quelques années plus tard à Népisiguit et à Caraquet. En 1783, le major Gilfred STUDHOLME faisait un rapport sur les habitants le long de la Rivière Saint-Jean. STUDHOLME connaissait bien la région car il s’y trouvait déjà en 1763 en tant que commandant de la compagnie stationnée au fort Frederick à St-Jean. À l’été 1763, sur les ordres du lieutenant-gouverneur Jonathan BELCHER, de la Nouvelle-Écosse, STUDHOLME demanda aux Acadiens de la région de Sainte-Anne (région de Fredericton) d’aller s’établir dans d’autres parties de la province. STUDHOLME ne prit aucune mesure pour forcer leur départ et les Acadiens restèrent.[62] STUDHOLME revint en 1778 et décida de faire construire un nouveau fort au lieu de réparer l’ancien fort Frederick qui avait été brûlé par les rebelles américains en 1775. Les troupes de STUDHOLME étaient toujours au nouveau fort Howe en 1783. En juin de la même année, STUDHOLME envoya un groupe de quatre hommes qui avaient comme instructions d’identifier les habitants le long de Rivière Saint-Jean. On devait également vérifier les titres de propriété des terres occupées. Ce rapport, connu sous le nom de « The Studholm Report », est un document historique important sur les habitants de la Rivière Saint-Jean avant l’arrivée massive des Loyalistes.[63]

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Un premier établissement en Acadie.[64]

Le 10 juillet 1783, les hommes de STUDHOLME visitaient les habitants du township de Sunbury qui englobait la région de Sainte-Anne (Fredericton) et d’Ekoupahag.[65]

« En haut de Sainte-Anne, nous avons trouvé un nombre considérable de colons français dont beaucoup ont été en possession de leur terre depuis un certain nombre d’années. En général, ils semblent être des gens inoffensifs, mais peu d’entre eux, sinon aucun, ne possède de titre légal, et, comme ils sont en général à peu près tous dans la même situation, nous avons pensé qu’il est inutile de faire les vérifications avec chaque individu. Nous avons bien rapporté ceux qui ont quelque chose de plus qu’une simple possession à plaider en leur faveur. »

Le rapport présente une liste de 61 familles bien établies sur la Rivière St-Jean dans la région d’Ekoupahag, Il y a lieu de croire qu’il y avait aussi d’autres familles acadiennes avec peu ou pas de possession et qui ne furent pas listées dans ce rapport. Nous y retrouvons plusieurs familles qui, pour plusieurs, nous sont déjà familières:

  • Joseph ROY, une femme et 3 enfants. Établi depuis 15 ans; 15 acres défrichés.
  • Benoit ROY, une femme et 5 enfants. Établi depuis 4 ans; 4 acres défrichés.
  • Louis LEJEUNE, une femme et 3 enfants. Établi depuis 15 ans; développement considérable.
  • Joseph LEJEUNE, une femme et 2 enfants. Établi depuis 3 ans; venu de Québec; 4 acres défrichés.
  • Jean-Baptiste DAIGLE, une femme et 4 enfants. Établi depuis 14 ans; développement considérable.
  • Joseph DAIGLE, une femme et 4 enfants. Établi depuis 14 ans; a transporté le courrier.
  • Jean MARTIN a une femme et 5 enfants, une maison et une grange et environ 10 acres défrichés. Il dit qu’il est venu il y a environ 15 ans sur la liberté de M. Collins du Canada, et durant les derniers troubles, il a informé le major STUDHOLME des mouvements des rebelles.

Il y avait aussi des familles GODIN qui étaient bien établies :

  • Daniel GODIN, une femme et 9 enfants. Établi depuis 16 ans; développement considérable.
  • François GODIN, une femme et 10 enfants. Établi depuis 15 ans; développement considérable.
  • Jean-Baptiste GODIN, une femme et 5 enfants. Établi depuis 4 ans; développement considérable. Dit qu’il a servi au Canada.
  • Alexandre GODIN, une femme et 2 enfants. Établi depuis 4 ans; développement considérable.

Le rapport liste plusieurs familles qui sont établies depuis longtemps alors que d’autres familles étaient fraichement arrivées. Joseph ROY était établi depuis 1768 et ce ne peut être que Joseph ROY père, celui qui a ondoyé de nombreux enfants à Ekoupahag et à Népisiguit. Les trois enfants pourraient bien être Thomas, Joseph et Marguerite ROY mais nous ne connaissons toujours pas le nom de de leur mère. À ce stade-ci, nous ne connaissons pas plus le lien de parenté que Joseph ROY pourrait avoir avec Benoit ROY qui serait arrivé avec sa famille en 1779. Ayant déjà 5 enfants, Benoit ROY se serait marié avant sa venue à la Rivière Saint-Jean.

Louis LEJEUNE pourrait bien être celui qui avait été identifié comme étant le « frère de mère » de Thomas ROY. Joseph LEJEUNE pourrait être le frère de Louis et il serait arrivé en 1780 à la Rivière Saint-Jean. Le rapport précise que Joseph LEJEUNE est arrivé « from Quebec ». En 1783, la province de Québec n’existait pas. En Acadie à cette époque, les documents officiels et les documents religieux mentionnaient toujours le Bas-Canada ou tout simplement Canada pour nommer le territoire de l’ancienne Nouvelle-France. Louis LEJEUNE serait alors arrivé de la ville de Québec où il se serait réfugié pendant ou après la déportation des Acadiens. Nous retrouvons Louis LEJEUNE à Québec le 11 janvier 1780 alors qu’il épousait Marie MÉZIÈRE.

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« En marge : Mariage de Joseph Lejeune et de Marie Mezière. Le onze janvier mil sept cent quatre vingt […] entre Joseph Lejeune résident en cette ville fils de feu Eustache Lejeune et de Marie Anne Bariot ses père et mère de Louisbourg en L’Isle Royale d’une part, et Marie Messière aussi résident en cette ville fille de feu Jean-Baptiste Messière et de défunte Marie Galland ses père et mère de L’Isle Saint-Jean d’autre part […] en présence de Jacques Ginguet, Joseph Dechamp qui ont signé avec nous, Joseph Girouard, Pierre Sir qui ont déclaré ne le savoir.»[66]

Le mariage de Joseph LEJEUNE et de Marie MÉZIÈRE nous apprend le nom de leurs parents ainsi que leurs origines en Acadie. L’acte de mariage précise que Marie-Anne BARIOT était la seule qui était encore vivante en 1780. On pourrait supposer qu’elle était présente lors du mariage à Québec mais aucune information n’indique qu’elle y était. On peut se demander comment Joseph LEJEUNE aurait pu savoir que sa mère était encore vivante si elle n’était pas présente à son mariage. Comme la famille GODIN, la famille LEJEUNE était établie depuis longtemps à la Rivière Saint-Jean et les moyens de communications, même s’ils étaient rudimentaires, existaient entre l’Acadie et le Bas-Canada. Pour appuyer cette affirmation, quelques membres de la famille GODIN, réfugiés dans le Bas-du-Fleuve depuis plusieurs années, étaient allés rejoindre, à la même époque, leur famille établie à la Rivière Saint-Jean. Joseph LEJEUNE avait aussi quitté Québec avec sa nouvelle épouse après son mariage en 1780 pour aller rejoindre son frère Louis à la Rivière Saint-Jean.

Eustache LEJEUNE et Marie-Anne BARIOT s’étaient probablement mariés à Louisbourg. Devenue veuve, Marie-Anne BARIOT se serait alors remariée à Joseph ROY, père de Thomas et Joseph ROY. Quand le père LEDUC de Népisiguit écrivit à l’évêque de Québec en 1828, il avait pu obtenir ces informations de plusieurs personnes qui avaient vécu à la Rivière Saint-Jean avant de venir s’établir à Népisiguit.

Thomas ROY, « frère de mère de Louis LEJEUNE », était donc le fils de Joseph ROY et de Marie-Anne BARIOT. Ses parents avaient été chassés de leur établissement de la Rivière Saint-Jean et ils étaient venus s’établir à Népisiguit en 1786 avec plusieurs familles qui avaient aussi été dépossédées de leurs terres. Les concessions de terres que ces familles avaient reçues en compensation à la Rivière Saint-Jean étaient simplement arrivées trop tard.

Malgré tout, les registres des missionnaires de l’Acadie, ou plutôt ce qui en est resté, contiennent plusieurs actes qui témoignent de la présence de ces familles à la Rivière Saint-Jean et qui confirment aussi plusieurs liens familiaux.

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Marie-Madeleine DAIGLE, née le 18 décembre 1769 de Jean-Baptiste DAIGLE et de Marie TRAHAN, et baptisée le 18 décembre 1769 « en la chapelle d’Ekoupahag en la rivière St Jean ». Parrain, Mathurin MAZEROLLE. Marraine Marguerite Blanche THIBODEAU.[67]

Dans le registre, c’est la première présence de cette famille DAIGLE à Ekoupahag. Madeleine DAIGLE est sans doute celle qui a épousé Joseph ROY sénior, fils de Joseph ROY et de Marie-Anne BARIAULT. On ne trouvera pas de trace de Jean-Baptiste DAIGLE et de Marie TRAHAN à la Rivière Saint-Jean avant cette date car ils s’étaient  réfugiés en Nouvelle-France lors de la déportation des Acadiens. Ils s’étaient joints aux familles acadiennes réfugiées dans les terres derrière le village de Saint-Charles de Bellechasse. C’est à cet endroit qu’ils se sont mariés.

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Jean-Baptiste DAIGLE, veuf de Blanche TRAHAN[68], épousait le 12 février 1759 à Saint-Charles de Bellechasse, Marie TRAHAN, veuve de Jean-Baptiste MARQUIS. Les époux avaient obtenu une « dispense d’un empêchement d’affinité du second au second degré ». Il est aussi mentionné qu’ils avaient également une affinité « du troisième au troisième ou quatrième degré » et qu’ils étaient apparentés « de consanguinité du troisième au troisième ou quatrième degré? ». Il semble que le curé avait bien eu du mal à comprendre les liens de parenté des époux qui lui avaient été transmis par l’évêque de Québec le 2 février précédent. Le mariage fut célébré en présence de Paul TRAHAN, père de l’épouse, Charles TRAHAN, Joseph DAIGLE, et Étienne GAUTIER.[69]

Jean-Baptiste DAIGLE et Marie TRAHAN demeurèrent à Saint-Charles au moins une année. On les retrouve à Cap-St-Ignace entre 1762 et 1766 puis à Québec à l’automne 1767. Ils auraient quitté le Bas-Canada pour la Rivière Saint-Jean en 1768 ou en 1769.

C’est en suivant les traces de Paul TRAHAN, père de Marie, que nous découvrons des liens familiaux qui viendront expliquer la présence de certaines personnes à Ekoupahag et puis à Népisiguit. Nous trouvons Paul TRAHAN à Québec le 4 septembre 1756 avec son épouse Marie BOUDROT alors qu’ils enterrent leur fille Marguerite qui était décédée la veille à l’âge de 17 ans.[70] Ils faisaient partie d’un groupe d’Acadiens qui étaient venus de l’Île Saint-Jean (aujourd’hui l’Île-du-Prince-Édouard) et qui s’étaient réfugiés à Québec. Paul TRAHAN et Marie BOUDROT rejoignirent par la suite les Acadiens de St-Charles de Bellechasse. C’est à cet endroit que Marie BOUDROT fut enterrée le 21 février 1758. Elle était décédée la veille à l’âge de 40 ans.[71] Deux ans après le mariage de sa fille Marie TRAHAN avec Jean-Baptiste DAIGLE, le 4 avril 1761 à St-Charles de Bellechasse, on enterrait Paul TRAHAN qui était décédé la veille à l’âge de 60 ans.[72]

Après le décès de Paul TRAHAN, nous trouvons au moins cinq mariages de leurs enfants au Bas-Canada entre 1766 et 1788. Parmi ceux-ci, il y a un mariage qui témoigne des nombreux membres de cette famille qui étaient réfugiés à Québec. Pierre MAZEROLLE, fils de Joseph MAZEROLLE et d’Anne DAIGLE « de la paroisse Ste Anne à la rivière St Jean » épousait le 12 novembre 1776 à Notre-Dame-de-Québec, Brigitte TRAHAN, « fille de feu Paul TRAHAN et de défunte marie BOUDROT », en présence de Joseph MAZEROLLE, frère, Pierre CIRE (CYR) cousin de l’époux; de Philippe DESCHAMPS, Joseph DESCHAMPS, Théodore BRO (BRAULT) cousins; Catherine Josèphe BOUDROT tante, Rose TRAHAN, Radegonde, et Marguerite TRAHAN cousines de l’épouse.[73] En 1776, il y avait encore plusieurs membres de cette famille qui étaient demeurés à Québec. Cependant, ce mariage est la seule mention de la présence de Pierre MAZEROLLE et de Brigitte TRAHAN au Bas-Canada. C’est sans doute eux qui sont listés dans le rapport STUDHOLME en 1783 et qui mentionne que Pierre MAZEROLLE vivait depuis 6 ans à Ekoupahag avec sa femme et leurs 2 enfants.

En parcourant les registres de l’Île Saint-Jean en Acadie, nous retrouvons le premier mariage de Marie TRAHAN et avec Jean-Baptiste MARQUIS. Le 10 février 1754 à Port La Joye (ou Port Lajoie qui était situé sur une pointe en face de l’actuelle ville de Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard), Jean-Baptiste MARQUIS, fils de Jean-Baptiste MARQUIS et d’Anne LAPIERRE, épousait Marie Thérèse TRAHAN, fille de Paul TRAHAN et de Marie BOUDROT de l’Acadie. Le mariage fut célébré en présence de leurs parents et de Germain HENRY.[74] Bien que ce mariage eut lieu dans l’année qui précéda les troubles de la déportation, Jean-Baptiste MARQUIS et Marie TRAHAN étaient toujours à port La Joye trois ans plus tard. Le 20 mars 1757 à Port La Joye, était baptisée Anne Marguerite MARQUIS, née le 4 février 1757 de Jean-Baptiste MARQUIS et de Marie TRAHAN. Le parrain a été Jean-Baptiste ROY et la marraine Marie BENOIST.[75]

Cet exil forcé de Marie TRAHAN en Nouvelle-France explique l’absence d’une famille MARQUIS à Ekoupahag à une époque où plusieurs familles acadiennes étaient venues rejoindre des membres de leur famille à la Rivière Saint-Jean. Je ne sais pas ce qui était arrivé à son premier mari Jean-Baptiste MARQUIS. Bien avant que Marguerite MARQUIS n’épouse Louis LEJEUNE, Marguerite était probablement venue à Ekoupahag avec sa mère et son beau-père Jean-Baptiste DAIGLE alors qu’elle était âgée de 11 ou 12 ans. On constate aussi que Marguerite MARQUIS était la demi-sœur de Michel, d’Anastasie et de Madeleine DAIGLE. Ceci explique aussi pourquoi Michel DAIGLE était l’oncle (et aussi le parrain) d’Angèle NEMTHE lors de son baptême le 4 novembre 1795 à Népisiguit.

Comme nous l’avons vu plus tôt, la famille de Joseph ROY et de Marie-Anne BÉRIOT était déjà bien installée à Ekoupahag depuis une quinzaine d’années quand le major STUDHOLME fit son rapport en 1783. La présence de la famille ROY à Ekoupahag en 1768 est confirmée par plusieurs actes de baptêmes et de mariages faits par le missionnaire Bailly.

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Marguerite ROY, née et baptisée le 9 novembre 1768 à Ekoupahag de Joseph ROY et de Anne BARIOT. Parrain Jacques CORMIER. Marraine Agathe LEJEUNE.[76] Marguerite ROY était donc la sœur de Thomas et de Joseph ROY.

Le missionnaire Bailly avait baptisé trois enfants de Benoit ROY et d’Euphrosine BOURG le 20 juillet 1768.[77]

  • Charles Boniface ROY, âgé de cinq ans et sept mois, né en décembre. Parrain Charles BELLEFONATINE (GODIN). Marraine Magdeleine LEBLANC.
  • Marie Osite ROY, âgée de trois ans et quatre mois, née en mars. Parrain Pierre SURET. Marraine Hélène BELLEFONATINE (GODIN).
  • Anne Marguerite ROY, âgée de onze mois, née en août. Parrain Charles BABIN. Marraine Anne SURET.

Benoit ROY est probablement le même qu’on retrouve avec Joseph ROY dans le rapport de STUDHOLME mais ce Benoit ROY était établi à Ekoupahag depuis seulement 4 ans en 1783. Dans le registre, le missionnaire Bailly avait inscrit le mot « Halifax » au début des baptêmes célébrés le 20 juillet 1768. Après l’examen de ces 40 baptêmes, il semble bien que tous ces enfants furent baptisés à Halifax car la majorité de ces familles ne sont pas venues à la Rivière Saint-Jean.

Toutefois, le père Bailly était bien à Ekoupahag un mois plus tôt quand il a marié deux filles d’Eustache LEJEUNE et de Marie-Anne BARIOT.

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Joseph MARTIN, fils de Jean-Baptiste MARTIN et de Marie BRUN,  épousait le 29 juin 1768 à Ekoupahag, Marie-Josèphe LEJEUNE, fille de feu Eustache LEJEUNE et de Marie-Anne BARIOT « en présence de témoins suffisants ».[78]

Le transcripteur de ce registre avait pris la peine de préciser que la transcription était une copie conforme et exacte qui incluait les erreurs et les mots rayés du père Bailly. Il semble ici que les mots rayés corrigeaient plutôt une erreur du transcripteur. Toutefois, cet acte de mariage confirme qu’Eustache LEJEUNE, époux de Marie-Anne BARIOT, était déjà décédé le 29 juin 1768.

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Amand MARTIN, fils de Jean-Baptiste MARTIN et de Marie BRUN,  épousait le 29 juin 1768 à Ekoupahag, Agathe LEJEUNE fille de — LEJEUNE et de Marie-Anne BARIOT « en présence de témoins suffisants ».

Le père Bailly avait oublié d’inscrire le prénom du père d’Agathe LEJEUNE mais il ne fait pas de doute que le père était Eustache LEJEUNE car ces deux mariages ont été célébrés le même jour. Cet oubli est insignifiant comparé aux nombreuses lacunes des registres tenus par le père Bailly. Les omissions et les erreurs n’étaient pas nécessairement une négligence de sa part.

En scrutant les actes du père Bailly, on remarque qu’il prenait parfois le chemin le plus court en omettant des informations qui auraient été utiles aux chercheurs. Il y a aussi cette impression que le père Bailly tenait son registre comme un aide-mémoire.  En considérant que le père Bailly devait parcourir seul toute l’Acadie à une époque qui a suivi la déportation des Acadiens, on devine qu’il avait tenu sa mission avec une certaine résilience sans nécessairement toujours comprendre, peut-être par faute de temps ou par dépit, les multiples et subtiles alliances des familles acadiennes. Le père Bailly était arrivé en Acadie en août 1767 tout juste après avoir été ordonné prêtre à Québec et après avoir fait des études en France entre 1755 et 1762.[79] Quoiqu’il en soit, le père Bailly était arrivé en Acadie et il avait rapidement saisi l’ampleur de sa mission. Les premières lignes du registre qu’il avait débuté à Ekoupahag en 1767 sont éloquentes : « les actes des baptêmes, mariages et sépultures faits par le missionnaire ont été perdus ou pendant la guerre, ou pendant l’espace de trois ans que cette mission n’a point été desservie ». C’est ainsi que le père Bailly témoignait que la mission d’Ekoupahag avait été laissée à l’abandon.

Le père Bailly était à Ekoupahag le 8 juin 1768 quand il a baptisé deux enfants de Joseph ROY et de Marie-Anne « BARILLOT ».

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« Le 8 juin 1768 j’ai baptisé deux garçons âgé de cinq ou six ans, nés dans la ville d’Halifax du légitime mariage de Joseph ROY et d’Anne BOUILONNÉ son épouse, le premier plus jeune a été nommé Joseph Norbert. Parein Ambroise St Aubin, mareine Marie Josette ROY, le second Thomas Félicien plus âgé. Parein Joseph Thomas St Aubin, mareine Félix Martin. »[80]

Ce document étant une transcription du registre qui a été faite en 1900, il semble ici que le nom BOUILLONÉ soit une mauvaise lecture du nom BARILLOT. Il n’y avait qu’un seul Joseph ROY à Ekoupahag en 1768 et, comme nous l’avons vu plus tôt, Joseph ROY et Marie-Anne BARIOT avaient fait baptiser leur fille Marguerite en novembre de la même année.

Thomas ROY serait né vers 1762 et son frère Joseph vers 1763 à Halifax. Ceci correspond à l’époque où il y avait de nombreuses familles acadiennes qui était prisonnières à Halifax. Nous observons aussi que Marie Josèphe ROY était la marraine de Joseph ROY sans qu’on mentionne le lien de parenté. En se référant au rapport STUDHOLME de 1783 qui mentionnait que Joseph ROY était établi depuis 15 ans, on en déduit que Joseph ROY et Marie-Anne BARIOT venaient tout juste d’arriver à Ekoupahag lorsque Thomas et Joseph ont été baptisés.

Quelques années avant que ne débutent les troubles en Acadie, en 1752, nous retrouvons Eustache LEJEUNE et Marie-Anne BARIOT qui s’étaient réfugiés sur l’Île Madame trois ans plus tôt.

LejeuneEustache_1752_recensement_c

« Eustache Le Jeune, habitant caboteur, natif

de la Cadie agé de 37 ans, marié avec Marie Anne

Beriaude native du Port Royal, agée de 25 ans Ils ont pour

enfants Agatte, agée de 4 ans et Marie Joseph agée de 17 mois.

Ils ont 6 poulles. Il y a trois ans qu’ils sont dans la Colonie

et on leur a donné les vivres du Roy pour ce temps.

Le terrain sur lequel il est établi luy a été indiqué par Monsieur de Villejoint

il est scitué sur la pointe à Jacob. Il n’y a fait qu’un deffriché de peu

de chose pour un jardin.

Par tout ce détail il est facile de s’appercevoir, que s’y l’on oblige ces

habitans à deffricher la terre et qu’il ne leur soit pas permis de faire

la pêche ou de s’embarquer dans des bastiments pour faire le

cabotage, il est indubitable qu’ils ne scauroient y subsister. »[81]

La situation d’Eustache LEJEUNE et de Marie-Anne BARIOT était dans un état assez lamentable en 1752. Ils s’étaient réfugiés sur l’Île Madame, en 1749, sans doute avant de savoir que l’Île Royale (aujourd’hui l’Île du Cap-Breton en Nouvelle-Écosse) avait été restituée à la France par le traité d’Aix-la-Chapelle de 1748. Il faut dire que l’Île Royale était tombée aux mains des Britanniques en 1745 suite aux attaques de miliciens qui étaient venues de la Nouvelle-Angleterre appuyés par la marine britannique. Les Anglais avaient alors pris Louisbourg, une forteresse qui était alors considérée comme étant imprenable. Avant et pendant l’occupation britannique de 1745 à 1749, des milliers d’Acadiens avaient fui l’Île Royale. Quand les Français revinrent à Louisbourg, les forteresses étaient en ruines tout comme la petite colonie.

En se réfugiant sur l’Île Madame, il semble bien Eustache LEJEUNE et Marie-Anne BARIOT n’avaient pas eu le temps de fuir très loin. Le recensement fait par le Sieur de La Roque en 1752 nous apprend qu’ils s’étaient mariés avant 1748. Eustache serait né vers 1715 et Marie-Anne vers 1727. Marie-Anne BARIOT aurait alors été âgée de 35 ans quand son fils Thomas ROY est né en 1762. Ce recensement mentionne quelques familles ROY mais aucune ne semble correspondre, du moins pour le moment, à la famille de Joseph ROY qui épousa Marie-Anne BARIOT vers 1760/1761.

Nous retrouvons, à l’Anse au Matelot, un nommé René ROY, 48 ans, et son épouse Marie-Josèphe DAIGLE, 35 ans. Ce couple n’est sans doute pas venu s’établir à la Rivière Saint-Jean. Il est tout de même intéressant de savoir qui étaient les voisins de René ROY. D’un côté il y avait Paul TRAHAN, 49 ans, et son épouse Marie BOUDROT, 49 ans, avec 2 garçons et 5 filles. De l’autre côté, il y avait Jean-Baptiste TRAHAN, 47 ans, et son épouse Catherine BOUDROT, 47 ans, avec 2 garçons et 6 filles. Passé Jean-Baptiste TRAHAN, il y avait Joseph DAIGLE, 56 ans, et son épouse Madeleine GAUTROT, 53 ans, avec 3 garçons et 2 filles.

En mettant à jour le tableau des alliances de la famille ROY (figure 2) avec les informations trouvées depuis que Joseph ROY et Marie-Anne BARIOT s’étaient établis à la Rivière Saint-Jean, nous pouvons plus facilement visualiser la parenté complexe qu’il y avait entre ces familles.

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Figure 3. Alliances de la famille ROY à la Rivière Saint-Jean.

Cliquez sur l’image pour voir le diagramme agrandi dans une autre fenêtre.

Dans les familles alliées aux ROY, il n’y a que les parents de Jean-Baptiste GODIN et de son épouse Angélique BERGERON qui n’ont pu être confirmés par les documents que nous avons vus. Il y va de même avec les parents de Joseph ROY et de son épouse Marie-Anne BARIOT qui n’ont laissé aucune trace à la Rivière Saint-Jean.

Marie-Agnès D’Amours de Chauffours.

Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS avait épousé un certain Joseph ROY à un lieu et à un moment que nous ignorons. Cette digne descendante des premiers seigneurs de la Rivière Saint-Jean en Acadie a pourtant bel et bien existé mais elle n’a pas vécu à Ekoupahag; ni au moment où Joseph ROY et Marie-Anne BARIOT y firent baptiser trois enfants en 1768, ni après.

Certains généalogistes ont présenté Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS et Marie-Anne BARIOT comme étant une seule et unique femme. Certains se sont appuyés sur le fait qu’on n’a pas trouvé d’acte de baptême, de mariage ou de sépulture pour Marie-Agnès et pour Marie-Anne. D’autres ont même prétendu que Marie-Agnès aurait changé son nom durant la déportation pour cacher son appartenance à cette famille noble qui avait été proche du roi de France.

Les traces de Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS se font rares dans les archives. Voici quelques éléments qui permettront de comprendre ce qui la lie à Joseph ROY et quel a été son destin.

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« Registre des batemes et mariages faits à la Riviere St Jean. 1774 »[82]

Deux ans après le départ du Père BAILLY, la mission d’Ekoupahag avait été desservie par le Père BOURG. En l’année 1774, on retrouve une trace de Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS dans ce petit registre qui avait été conservé à Restigouche.

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« L’an mil sept cent soixante et quatorze [mots rayés] le cinq de septembre. Je soussigné missionnaire ay marié en face de la sainte église, Amant Cormier fils de Pierre Cormier et de Cécile Tibeaudo, avec Marie Joseph Roy, fille de Joseph Roy et de Marie Anniese Déchaufour, déjà marié en présence des témoins soussigné qui ne sachant signer ont fait leurs marques ordinaire. Louis Mercure, Michel Mercure, Paul Cire, Olivier Cire. Joseph M. Bourg missionnaire de l’Acadie. »[83]

Quand il a célébré ce mariage, le Père BOURG avait précisé qu’Amant CORMIER et Marie Josèphe ROY étaient déjà mariés devant témoins. Faute de prêtre, les Acadiens se sont souvent mariés de cette façon et leur mariage était officialisé plus tard quand le missionnaire venait visiter dans la communauté. Cet acte de mariage est la seule mention de Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS qu’on trouvera à la Rivière Saint-Jean. Ce mariage eut lieu à une époque où Joseph ROY et Marie-Anne BÉRIOT vivaient à Ekoupahag depuis au moins 6 ans. C’est sans doute cette même Marie-Josèphe ROY qui avait été marraine de Joseph Norbert ROY quand Joseph ROY et Marie-Anne BÉRIOT avaient fait baptiser leurs fils Thomas et Joseph en 1768. Comme nous l’avons vu plus tôt, Joseph ROY avait ondoyé plusieurs enfants à Ekoupahag en 1774. Cette même année, Marie-Anne BÉRIOT avait également été la marraine de François GODIN à son baptême.

Sachant que Marie-Josèphe ROY était la fille d’un Joseph ROY et que cette dernière était avec la famille ROY à Ekoupahag depuis leur arrivée en 1768, on peut supposer que Joseph ROY avait pu épouser Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS avant de se marier avec Marie-Anne BÉRIOT. L’acte de mariage de Marie Josèphe ROY n’apporte aucune précision à savoir si les parents mentionnés étaient vivants. Nous trouvons un autre mariage de cette famille CORMIER qui révèle quelques informations. Le 24 janvier 1770 à Ekoupahag, Jacques CORMIER, fils de défunt Pierre CORMIER et de Cécile THIBODEAU de la paroisse de Mesagouesche en Acadie, épousait Marie Osithe POTIER, fille de défunt Jean POTIER et de Marie Josèphe HÉBERT de la même paroisse.[84]

Mesagouesche était aussi le nom donné au village de Beaubassin situé tout près du fort Beauséjour. La rivière Mésagouèche était alors la frontière entre l’Acadie française et l’Acadie anglaise.  Le village de Beaubassin et les villages avoisinants avaient été brûlés sous les ordres français comme tactique de guerre lors de l’attaque des britanniques en 1755. Plusieurs Acadiens de la région de Beaubassin avaient été faits prisonniers et déportés lors du Grand Dérangement. Les quelques informations que j’ai trouvé sur Pierre CORMIER indiquent qu’il était possiblement parmi un groupe d’Acadiens déportés en Georgie où il serait décédé pendant son exil.

Pendant que la guerre se déroulait en Acadie, c’est dans la ville de Québec que nous retrouvons Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS. Neuf ans avant que Joseph ROY et Marie-Anne BÉRIOT ne s’installent à Ekoupahag et trois ans avant la naissance de Thomas ROY, un enfant de Joseph ROY et de Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS était inhumé.

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« Le quatre janvier mil sept cent cinquante neuf a été inhumé Joseph Roy acadien décédé le jour précédent âgé de deux ans, fils de Joseph Roy et Dagnès Déchaufour son épouse. Étaient présents Louis Bélanger et autres. »[85]

Le petit Joseph ROY serait né en 1756 ou en 1757. Joseph ROY et Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS avaient probablement été faits prisonniers par les britanniques alors que Marie-Agnès était enceinte ou qu’elle venait tout juste d’accoucher. À l’automne 1756, les britanniques et les français avaient fait des échanges de prisonniers où on avait permis aux femmes et aux enfants de se rendre à Québec. Ronnie-Gilles Leblanc raconte qu’ « en échange de la centaine de matelots relâchés de Louisbourg, les autorités britanniques à Halifax jugèrent bon alors d’y renvoyer les femmes acadiennes et leurs enfants, de même que quelques matelots français. »[86] Et il poursuit son récit : « Incidemment, durant leur passage de Louisbourg au Canada, ces femmes et leurs enfants furent contraints de passer l’hiver 1756–1757 à la Baie-des-Espagnols, où la goélette qui les transportait dut faire relâche. Des filles acadiennes y épousèrent même des Acadiens ou des soldats français qui y étaient basés. Enfin, au cours de l’été suivant, Prévost informe le ministre qu’un corsaire anglais s’est emparé, à la Baie-des-Espagnols, du petit senau qu’il avait affrété pour le transport en Canada des femmes et enfants acadiens pris l’année dernière par les Anglais. Malheureusement, rien d’autre ne transpire au sujet de cette affaire dans la correspondance officielle des autorités coloniales françaises à l’époque, mais il semble que ces femmes et ces enfants aient finalement atteint leur destination, car on les retrouve à Québec à l’automne 1757 où plusieurs sont morts de la petite vérole ou « picote ». »

Si Joseph ROY avait été présent à Québec lors du décès de son fils en janvier 1759, il lui aurait été impossible de se rendre en Acadie car la marine britannique contrôlait déjà toutes les côtes atlantiques. À partir du printemps 1759, les britanniques avaient remonté le fleuve Saint-Laurent en détruisant les villages sur leur passage. Les britanniques étaient devant Québec en juin. De nombreux bombardements sur la ville eurent lieu durant l’été et l’automne. Suite aux combats des plaines d’Abraham du 13 septembre, la ville de Québec avait capitulé devant les forces britanniques.

Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS et son enfant étaient probablement arrivés à Québec en 1757. Joseph ROY, séparé de sa famille, avait été transporté à l’Île George, dans le havre d’Halifax, où les britanniques avaient regroupé les Acadiens par centaines. Les recherches effectuées par Ronnie-Gilles Leblanc et le généalogiste et historien Stephen A. White ont permis d’identifier au moins 800 Acadiens qui ont demeuré à Halifax à un moment ou à un autre entre 1759 et 1764. Sur la liste des prisonniers de l’Île Georges de 1763, il y avait trois familles ROY: Joseph ROY et Marie-Anne BARRIEAU composant une famille de 10 personnes; Benoit (ou Benoni) ROY et Euphrosine BOURG composant une famille de 3 personnes; et Abraham ROY et Anne AUBOIS composant une famille de 5 personnes.[87]

Nous avons vu plus tôt que des enfants issus de Benoit ROY et d’Euphrosine BOURG; et de Joseph ROY et de Marie-Anne BARRIEAU étaient nés à Halifax. Thomas ROY serait donc né alors que sa famille était toujours en captivité à Halifax. À première vue, il peut paraître étonnant que la famille de Joseph ROY et de Marie-Anne BARRIEAU soit composée de 10 personnes. Il faut considérer que cette famille comprenait sans doute des enfants issus d’Eustache LEJEUNE et de Marie-Anne BARRIEAU, de Joseph ROY et de Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS, et puis finalement des enfants de Joseph ROY et de Marie-Anne BARRIEAU.

On n’a pas retrouvé de trace de Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS dans les archives après le décès de son fils en janvier 1759. Étant donné la précision des informations dans l’acte de sépulture de son fils, on peut supposer qu’elle était encore vivante à ce moment. Une chose est certaine, le blocus des troupes britanniques sur le fleuve Saint-Laurent ne lui permettait pas de revenir en Acadie. Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS est probablement décédée à Québec en 1759 ou peu après sinon elle aurait eu la possibilité de revenir en Acadie ou de refaire sa vie comme de nombreux Acadiens l’ont fait après le traité de de paix de 1763.

Épilogue.

Dans les dernières décennies, il y a eu deux lignes de pensée concernant l’identité de la mère de Thomas ROY. À ma connaissance, personne n’avait encore démontré, à partir de document d’archives, qui étaient Joseph ROY et ses deux épouses Marie-Agnès D’AMOURS DE CHAUFFOURS et Marie-Anne BARRIEAU.

À partir du moment où Thomas ROY s’était établi à Petit-Rocher, nous l’avons suivi jusqu’à Népisiguit où il était arrivé de la Rivière Saint-Jean avec ses parents. Nous avons suivi le parcours de quelques familles alliées au ROY jusque dans l’ancienne Nouvelle-France pour finalement retrouver plusieurs ces familles à Ekoupahag où ils ont vécu plusieurs années avant d’être chassés par l’arrivée des Loyalistes. Thomas ROY, né à Halifax vers 1762,  n’avait pas connu les troubles de la déportation des Acadiens mais il a été un acteur, parmi plusieurs autres, dans la reconstruction de l’Acadie.

Selon l’étude de Ronnie-Gilles Leblanc, ces trois familles ROY prisonnières à Halifax en 1763 seraient originaires la Rivière Saint-Jean. Durant la période de la déportation, les petites communautés de la Rivière Saint-Jean avaient relativement été épargnées jusqu’au moment où les troupes britanniques lancèrent des assauts, parfois très meurtriers, afin de capturer les Acadiens. Certaines familles eurent le temps de s’enfuir dans les bois et elles ont pu subsister quelques temps avec l’aide des Micmacs. Quelques familles ont pu rejoindre la Nouvelle-France tandis que d’autres périrent de faim ou de maladie durant leur fuite. D’autres familles ont été faites prisonnières où elles furent emmenées à Halifax pour être déportées.

Dans la prochaine chronique sur les origines de Placide ROY, nous allons suivre les traces des parents de Joseph ROY, père de Thomas ROY.

Dan Côté, 25 décembre 2014

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NOTES ET SOURCES.

Ce texte est la suite de trois chroniques publiées plus tôt :

Les origines de Placide Roy – Première partie

Les origines de Placide Roy – Deuxième partie

Les origines de Placide Roy – Troisième partie

[1] Histoire de l’Acadie, 2e édition, Nicolas Landry, Nicole Lang, Éditions du Septentrion, 2014.

« Le recensement religieux de 1803 révèle qu’on retrouve alors un peu plus de 3700 Acadiens et Acadiennes sur le territoire du Nouveau-Brunswick. »

[2]  Registre de la paroisse Sainte-Famille, Bathurst-Ouest, Gloucester, Nouveau Brunswick, 15 juin 1816, page 40.

[3] Registre de Carleton, Gaspésie, Québec, 11 août 1817.

[4] Eugène Rouillard, La Colonisation dans les comtés de Témiscouata, Rimouski, Matane, Bonaventure, Gaspé. 1899, page 105.

Disponible sur le site internet archives.org à cette adresse: https://archive.org/details/lacolonisationd00roui

[5] Carte de la baie des Chaleurs à la côte Occidentale du golfe de St. Laurent, 1780, France, Dépôt des cartes et plans de la marine , L’Hermite, Mr, (Jacques), 1659-1725, Sartine, Antoine de, comte d’Alby, 1729-1801

Disponible sur le site internet de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

http://services.banq.qc.ca/sdx/cep/document.xsp?id=0002908106

[6] Registre de Carleton, Gaspésie, Québec, 23 novembre 1808. Présents au mariage : « Michel Janson, père, Paul Janson, frère de l’épouse, de François Comeau père, de Béloni Comeau frère de l’époux. ». Il est à souligner que les patronymes Johnson et Jeanson sont issus de la même famille et qu’on retrouve ces deux noms sans distinction dans les actes.

[7] Registre de Carleton, Gaspésie, Québec. Jean Comeau est décédé le 14 et fut inhumé le 16 avril 1813 à l’âge de 38 ans. Leur fille Marie Lucille Comeau est née un mois plus tard le 26 et baptisée le 27 mai 1813. Joseph Ignace Comeau est né le 28 septembre et fut baptisé le 18 novembre 1809. Pierre Comeau est né le 20 juillet et fut baptisé le 1er septembre 1811.

[8] New Brunswick, County Deed Registry Books, 1787-1845, Volume 16, Deed no 23, Pages 39-41, Images 25-26.

Le contrat original daté du 30 juillet 1819 et rédigé en anglais, est disponible sur internet sur le site web FamilySearch.org.

Pages 39-40: https://familysearch.org/pal:/MM9.3.1/TH-267-11082-190366-19?cc=1392378&wc=M698-XNL:13843201,13841702,14218401

Page 41: https://familysearch.org/pal:/MM9.3.1/TH-267-11082-190368-65?cc=1392378&wc=M698-XNL:13843201,13841702,14218401

[9] Carte provenant du site internet des Archives provinciales du Nouveau-Brunswick.

http://archives.gnb.ca

Section : Expositions et outils pédagogiques / Noms de lieux du Nouveau-Brunswick

http://archives.gnb.ca/Exhibits/Communities/Home.aspx?culture=fr-CA

Caraquet:

http://archives.gnb.ca/Exhibits/Communities/Details.aspx?culture=fr-CA&community=621

[10] Archives provinciales du Nouveau-Brunswick

SD686 : Concessions de terres: série initiale : 1784-1997

Disponible sur internet à cette adresse:

http://archives.gnb.ca/Search/RS686/?culture=fr-CA

Concessions du 27 avril 1787

http://archives.gnb.ca/Search/RS686/Details.aspx?culture=fr-CA&Key=38966

[11] Archives provinciales du Nouveau-Brunswick

SD686 : Concessions de terres: série initiale : 1784-1997

Disponible sur internet à cette adresse:

http://archives.gnb.ca/Search/RS686/?culture=fr-CA

Concessions du 16 juin 1812

http://archives.gnb.ca/Search/RS686/Details.aspx?culture=fr-CA&Key=6287

[12] « À l’ombre du Petit-Rocher (1797-1947) », F.M. Camille, O.C.R, 1947, pages 10-11.

[13] Registre de la paroisse Sainte-Famille, Bathurst-Ouest, Gloucester, Nouveau Brunswick, 21 mai 1810, pages 126-127.

[14] Registre de Caraquet, 25 juin 1792.

[15] Registre de Caraquet, 8 juin 1789.

[16] Registre de Caraquet, 14 juin 1787.

[17] Registre de la paroisse Sainte-Famille, Bathurst-Ouest, Gloucester, Nouveau Brunswick, 14 avril 1807, pages 90-91.

[18] Registre de la paroisse St-Louis, Kamouraska, Québec, baptême no 64, 20 août 1764. Le parrain et la marraine n’étaient pas acadiens. Joseph Beaulieu et Marie Angélique Simard s’étaient mariés le 7 février 1758 à Baie St-Paul.

[19] Registre de la paroisse St-Louis, Kamouraska, Québec, baptême no 45, 26 mai 1776. « Le parrain a été Antoine Marchand et la marraine Marianne Godin femme de Jean-Baptiste Chaloup ». Jean-Baptiste Chaloux, veuf de Marie Desjardins, avait épousé Anne Bellefontaine le 25 août 1765 à Beauport près de la ville de Québec. Anne était la fille de Charles Bellefontaine et de Marie Blancon.  Il est à noter que ces Bellefontaine étaient aussi des Godin originaires de l’Acadie. On retrouve aussi des variations du nom comme Beauséjour, Bellefeuille, Bellecour, Chatillon, Valcourt et plusieurs autres.

Lors de son mariage à Beauport en 1765, Anne Bellefontaine avait déclaré être originaire de Ste-Anne de la Rivière St-Jean où plusieurs membres de la famille GODIN vivaient avant la déportation des Acadiens. Son père Charles était le frère de Joseph Godin dit Bellefontaine dit Beauséjour. Ces derniers étaient les fils de Gabriel Godin dit Chatillon et dit Bellefontaine. Joseph Godin dit Bellefontaine avait combattu pendant la guerre de sept-ans et des membres de sa famille furent massacrés par les troupes anglaises. Fait prisonnier par les Anglais, Joseph Godin dit Bellefontaine fut amené avec ce qui restait de sa famille à Annapolis Royal en Nouvelle-Écosse, et puis son voyage passa par Boston, Halifax et ensuite l’Angleterre. Ils furent envoyés plus tard à Cherbourg en France sans jamais revenir en Acadie.

Le Dictionnaire biographique du Canada présente brièvement avec justesse ce parcours de Joseph Godin dit Bellefontaine et qu’on peut consulter sur leur site internet à cette adresse: http://www.biographi.ca/fr/bio/godin_joseph_4E.html

[20] Registre de la paroisse St-Louis, Kamouraska, Québec, baptême no 65, 8 août 1779. Il est indiqué en marge « Suzanne Godin de Kacouna ». « Le parrain a été Sébastien Michaud et la marraine Véronique Coste femme de Jean Saindon. »

[21] Registre de la paroisse St-Jean-Baptiste, L’Isle-Verte, Québec, folio 5, 14 janvier 1772. Les témoins étaient Michel Saindon et Jean-Baptiste Grandmaison qui signent.

[22] Registre des missionnaires de Ristigouche, 1774.

Ristigouche était une petite communauté située sur la rive nord de la rivière Restigouche à une douzaine de kilomètres en amont de la Baie-des-Chaleurs. Un peu à l’est, il y avait une autre communauté dans un lieu nommé Tracadièche et qui englobait l’actuelle région de Carleton. C’est à Ristigouche et à Tracadièche qu’on a retrouvé de nombreux actes faits par les missionnaires qui parcouraient le nord de la Baie-des-Chaleurs jusqu’à Percé. On y retrouve aussi de nombreux actes faits en Acadie dans des régions aussi éloignées que Port-Royal et la Rivière-St-Jean.

[23] Registre des missionnaires de Ristigouche, 1774.

[24] Registre de Caraquet, 17 octobre 1791. Mariage célébré en présence d’Ambroise GODIN, Baptiste TERRIOT, Olivier BLANCHARD et Olivier LÉGER.

[25] Registre de la paroisse Sainte-Famille, Bathurst-Ouest, Gloucester, Nouveau Brunswick, 26 octobre 1811, page 141. Marie GODIN, épouse de Michel HACHÉ, est décédée le 23 août 1811 et inhumée le 26 octobre 1811 à Népisiguit à l’âge de trente neuf ans environ.

[26] Registre de Caraquet, 23 novembre 1795, mariage no 3. Le père de François GODIN n’est pas listé parmi les personnes présentes au mariage.

[27] Registre de Caraquet, 19 février 1811. L’acte de sépulture indique que François GODIN, époux de Théotiste HACHÉ, est décédé depuis trois jours âgé de 35 ans.

[28] Registre des missionnaires de Ristigouche, 1792. 4 pages sur 2 feuillets furent faits à Népisiguit par le missionnaire BOURG.

[29] Registre de Caraquet, 5 juin 1795. Un feuillet contenant 18 baptêmes faits à Népisiguit a été inséré au registre de Caraquet.

[30] Archives provinciales du Nouveau-Brunswick, notes de Mgr Donat Robichaud citant le Centre d’Études Acadiennes, Moncton. A10f 1-1. Évêché de Trois-Rivières. Correspondance missionnaire.

[31] Registre de la paroisse Sainte-Famille, Bathurst-Ouest, Gloucester, Nouveau Brunswick, 18 juin 1816, page 44.

[32]Registre de Caraquet,  8 septembre 1796.

[33] Registre de Caraquet, 21 février 1796, baptême no 9. Le missionnaire avait baptisé 7 enfants à Népisiguit ce jour-là.

[34] Archives provinciales du Nouveau-Brunswick

SD108 : Pétitions de terres, série initiale : 1783-1918

Disponible sur internet à cette adresse:

http://archives.gnb.ca/Search/RS108/?culture=fr-CA

Pétition de Joseph Roy, Northumberland, 1790

http://archives.gnb.ca/Search/RS108/Details.aspx?culture=fr-CA&Key=54318

[35] Archives provinciales du Nouveau-Brunswick

SD686 : Concessions de terres: série initiale : 1784-1997

Disponible sur internet à cette adresse:

http://archives.gnb.ca/Search/RS686/?culture=fr-CA

Concessions du 18 juin 1812, Alnwick, Northumberland

http://archives.gnb.ca/Search/RS686/Details.aspx?culture=fr-CA&Key=6331

[36] La carte complète est disponible sur le site internet des Archives provinciales du Nouveau-Brunswick.

http://archives.gnb.ca

Section : Expositions et outils pédagogiques / Noms de lieux du Nouveau-Brunswick

http://archives.gnb.ca/Exhibits/Communities/Home.aspx?culture=fr-CA

Bathurst:

http://archives.gnb.ca/Exhibits/Communities/Details.aspx?culture=fr-CA&community=197

[37] Registre de la paroisse Sainte-Famille, Bathurst-Ouest, Gloucester, Nouveau Brunswick, 6 mai 1806, pages 81-82.

[38] Registre de la paroisse Sainte-Famille, Bathurst-Ouest, Gloucester, Nouveau Brunswick, 21 janvier 1808, pages 101-102.

[39] Registre de la paroisse Sainte-Famille, Bathurst-Ouest, Gloucester, Nouveau Brunswick, 21 janvier 1808, page 101.

[40] Registre de Carleton, Gaspésie, mariage fait à Maria le 8 avril 1801, page 16.

[41] Registre de Carleton, Gaspésie, baptême fait à Maria le 26 avril 1801, page 17.

[42] Registre de la paroisse Sainte-Famille, Bathurst-Ouest, Gloucester, Nouveau Brunswick, 18 mai 1808, page 104.

[43] Registre de Caraquet,  11 novembre 1809.

[44] Registre de Caraquet,  21 novembre 1809.

[45] Registre de la paroisse Sainte-Famille, Bathurst-Ouest, Gloucester, Nouveau Brunswick, 27 avril 1806, page 79.

[46] New-Brunswick Provincial Archives, New Brunswick, Marriage Registers, 1789-1889. Northumberland, 1792-1809, image 17.

Document disponible sur le site internet FamilySearch.org:

https://familysearch.org/pal:/MM9.3.1/TH-1942-27455-17204-37?cc=2001063&wc=M6P5-8ZS:284541001,284541002

[47] Ces informations proviennent de différentes sources :

Archives provinciales du Nouveau-Brunswick, Mgr Donat Robichaud, recherches historiques et généalogiques.

Disponible sur internet à cette adresse :

http://archives.gnb.ca/Search/FatherRobichaudTranscriptions/Article.aspx?culture=fr-CA&article=601

Ville de Shippagan, Nouveau-Brunswick. Document sur les éphémérides de Shippagan disponible sur internet à cette adresse :

http://www.shippagan.ca/wp-content/uploads/2014/01/shippagan-ephemerides.pdf

Une biographie détaillée sur François Joseph Paul, marquis de GRASSE TILLY et comte de GRASSE, est disponible sur Wikipédia à cette adresse :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Joseph_Paul_de_Grasse

[48] Registre de Caraquet, 3 juillet 1787. Dans le registre, le mariage précédent est daté du 3 juillet 1787 « à Pizigui ». « Maître » Antoine DEGRACE, fils de Joseph DEGRACE et de Magdeleine POUGEADE, épousa Angélique HACHÉ, fille de Joseph HACHÉ et de Magdeleine DOUCET, « mariés devant témoins à Napisigui ». En présence de Joseph HACHÉ, père de la fille, et de Pierre MÉLANÇON et de Joseph LEBLANC.

[49] Registre de Caraquet, les actes de baptême sont dans le registre aux dates indiquées.

[50] Registre de Caraquet, les actes de baptême sont dans le registre aux dates indiquées.

[51] Archives provinciales du Nouveau-Brunswick

SD108 : Pétitions de terres, série initiale : 1783-1918

Disponible sur internet à cette adresse:

http://archives.gnb.ca/Search/RS108/?culture=fr-CA

Pétition de Thomas Roy, York, 1785

http://archives.gnb.ca/Search/RS108/Details.aspx?culture=fr-CA&Key=54336

[52] Irene Doyle, Comté de Restigouche, Nouveau Brunswick, Généalogie et Histoire.

Disponible sur internet à cette adresse :

http://www.genealogy.restigouche.net/maps.htm

[53] On retrouve plusieurs variantes du nom Ekoupahag. Ce nom amérindien était inscrit selon ce que les missionnaires entendaient. On voit Ekoupag, Ecoupag, Ecoupahag, Aukpaque et autres noms de la même consonance. Pour cette étude, j’ai retenu le nom Ekoupahag qui était le nom utilisé par le missionnaire Charles-François Bailly et celui qu’on retrouve le plus souvent dans les archives.

[54] Archives provinciales du Nouveau-Brunswick, Wallace Hale’s Fort Havoc.

Disponible sur internet à cette adresse :

http://archives.gnb.ca/Exhibits/FortHavoc/html/Raymond45.aspx?culture=en-CA

[55] Lorenzo Sabine, The American Loyalists: Or, Biographical Sketches of Adherents to the British Crown in the War of the Revolution; Alphabetically Arranged; with a Preliminary Historical Essay, page 197.

Disponible sur internet à cette adresse:

https://books.google.ca/books?id=LFN2AAAAMAAJ&lpg=PA197&ots=1JsaShHXi7&dq=captain%20walter%20campbell%20new-brunswick&hl=fr&pg=PA197#v=onepage&q=captain%20walter%20campbell%20new-brunswick&f=false

[56] Archives provinciales du Nouveau-Brunswick

SD686 : Concessions de terres: série initiale : 1784-1997

Disponible sur internet à cette adresse:

http://archives.gnb.ca/Search/RS686/?culture=fr-CA

Concessions du 1er février 1786

http://archives.gnb.ca/Search/RS686/Details.aspx?culture=fr-CA&Key=37857

[57] Carte provenant du site internet des Archives provinciales du Nouveau-Brunswick.

http://archives.gnb.ca

Section : Expositions et outils pédagogiques / Noms de lieux du Nouveau-Brunswick

http://archives.gnb.ca/Exhibits/Communities/Home.aspx?culture=fr-CADouglas:

http://archives.gnb.ca/Exhibits/Communities/Details.aspx?culture=fr-CA&community=1074

Ces terres se retrouvent sur deux cartes. La carte présentée dans le texte peut être téléchargée à cette adresse :

http://archives.gnb.ca/App_Handlers/FileDownloadHandler.ashx?filename=/DigitizedDocuments/Communities/Maps/Cadastral/_Oversize/GRPA126.jpg

Ces terres se prolongent au nord et se retrouvent sur cette carte :

http://archives.gnb.ca/App_Handlers/FileDownloadHandler.ashx?filename=/DigitizedDocuments/Communities/Maps/Cadastral/_Oversize/GRPA114.jpg

[58] Archives provinciales du Nouveau-Brunswick, notes de Mgr Donat Robichaud citant New Brunswick Executive Council: Minutes of Proceedings of the Committee on land 1785-1815 (Microfilms F-506).

« 26 August 1785. — French inhabitant above St Ann’s respecting their improvements… and ask land at Miramichi. — Answered in council: Cpl Allen and Col Winslow are requested to value the improvements of the French inhabitants in Block No 2. In case of non-agreement, to appoint a third. The memorialists may have land at Miramichi».

[59] Archives provinciales du Nouveau-Brunswick, notes de Mgr Donat Robichaud citant New Brunswick Executive Council: Minutes of Proceedings of the Committee on land 1785-1815 (Microfilms F-506).

«8 May 1789. — re: Block No 2 Lower French Village.

«Ordered that Daniel Godin and John Martin receive $100 in compensation for improvements they formerly made on the lots now the property of Joseph Lee, Esq and Mr John Esty».

[60] Archives provinciales du Nouveau-Brunswick

SD686 : Concessions de terres: série initiale : 1784-1997

Disponible sur internet à cette adresse:

http://archives.gnb.ca/Search/RS686/?culture=fr-CA

Concessions du 31 décembre 1799

http://archives.gnb.ca/Search/RS686/Details.aspx?culture=fr-CA&Key=40010

[61] Carte provenant du site internet des Archives provinciales du Nouveau-Brunswick.

http://archives.gnb.ca

Section : Expositions et outils pédagogiques / Noms de lieux du Nouveau-Brunswick

http://archives.gnb.ca/Exhibits/Communities/Home.aspx?culture=fr-CA

French Village:

http://archives.gnb.ca/Exhibits/Communities/Details.aspx?culture=fr-CA&community=1378

[62] Dictionnaire biographique du Canada, Gilfred Studholme. Disponible sur internet à cette adresse :

http://www.biographi.ca/fr/bio/studholme_gilfred_4F.html

[63] Cette présentation est tirée de Gorges H. Hayward, 1783 Studholm Report. La transcription est disponible sur internet à cette adresse : http://www.rootsweb.ancestry.com/~cannb/NB_Census_1783Studholm_Report.htm

[64] Archives provinciales du Nouveau-Brunswick, Assemblée législative, Documents de session (SD24), Collection David Janigan, MC2946-MS2H. « A First Settlement » (Un premier établissement), par William Henry Bartlett, gravure par Joseph-Clayton Bentley, 1842, tirée de Canadian Scenery, vol. II, par Nathaniel Parker Willis, Londres, 1842.

Disponible sur internet à cette adresse:

http://archives.gnb.ca/Search/RS24/ImageGallery.aspx?culture=fr-CA

[65] Archives provinciales du Nouveau-Brunswick, Sunbury County Documents, Studholm report, 1783. Disponible sur internet à cette adresse: http://archives.gnb.ca/Exhibits/FortHavoc/html/Sunbury-docs.aspx?culture=fr-CA

[66] Registre de Notre-Dame de Québec, 11 janvier 1780.

[67] Registre de Caraquet, 18 décembre 1769.

[68] Blanche TRAHAN avait été inhumée le 1er janvier 1758 à Saint-Charles de Bellechasse à l’âge de 25 ans. Registre de Saint-Charles de Bellechasse, 1er janvier 1758.

[69] Registre de Saint-Charles de Bellechasse, 12 février 1759.

[70] Registre de Notre-Dame de Québec, 4 septembre 1756.

[71] Registre de Saint-Charles de Bellechasse, 21 février 1758.

[72] Registre de Saint-Charles de Bellechasse, 4 avril 1761.

[73] Registre de Notre-Dame de Québec, 12 novembre 1776.

[74] Registre de l’Île Saint-Jean, 10 février 1754, transcription du registre conservée aux Archives du Canada, pages 99-100.

[75] Fiches acadiennes du fonds DROUIN, no 9134. Anne Marguerite Marquis est également listée avec les mêmes dates de naissance et de baptême au Fonds Archange-Godbout, Dictionnaire généalogique des familles acadiennes, fiche 02105.

[76] Registre de Caraquet, 9 novembre 1768.

[77] Registre d’Ekoupahag, 20 juillet 1768, transcrit par Prudent L. Mercure le 1er décembre 1900, Fonds Drouin.

[78] Registre d’Ekoupahag, 29 juin 1768, transcrit par Prudent L. Mercure le 1er décembre 1900, Fonds Drouin.

[79] Dictionnaire biographique du Canada, Charles-François Bailly De Messein. Disponible sur internet à cette adresse:

http://www.biographi.ca/fr/bio/bailly_de_messein_charles_francois_4F.htm

[80] Registre de la mission d’Ekoupahag, 8 juin 1768. Transcription de Prudent L. Mercure, 1er décembre 1900.

[81] « Voyage fait par le Sr De La Roque arpenteur du Roy, par ordre de Monsieur le comte de Raymond…, dans tous les endroits de l’Isle Royale où il y a des habitants, commencé le cinq février 1752. »

http://bd.archivescanadafrance.org/acf-pleade-3-images/img-viewer/CABAC/CABAC_PIAF_7229/viewer.html

Images 185 et 186

Transcription disponible sur internet avec la pagination du Rapport des Archives nationales du Canada.

http://www.mwlandry.ca/ref/recensement_du_sieur_de_la_roque.htm

[82] Registre des missionnaires de l’Acadie conservé avec les registres de Restigouche, 1774.

[83] Registre des missionnaires de l’Acadie conservé avec les registres de Restigouche, 5 septembre 1774.

[84] Registre d’Ekoupahag, conservé à Caraquet, 24 janvier 1770. Ce mariage a été célébré en présence de Jean Robichaud, Olivier Thibodeau, Ignace Caron, et Charles Levron. Les époux avaient obtenu une dispense du trois au quatrième degré de parenté.

[85] Registre de Notre-Dame de Québec, 4 janvier 1759.

[86] Ronnie-Gilles LeBlanc, « Les Acadiens à Halifax et dans l’île Georges, 1755–1764 », Port Acadie : revue interdisciplinaire en études acadiennes / Port Acadie: An Interdisciplinary Review in Acadian Studies, n° 22-23, 2012-2013, p. 43-76. Une version de ce texte est disponible sur internet à cette adresse :

http://www.rootsweb.ancestry.com/~nsgrdpre/documents/dossiers/Ronnie-Gilles/Acadiens-Halifax-Ile-Georges-1755-1764.pdf

[87] Ibid. Ronnie-Gilles LeBlanc, « Les Acadiens à Halifax et dans l’île Georges, 1755–1764 ». La version originale de cet article contient une annexe intitulée « Liste des familles acadiennes et individus qui ont séjourné à Halifax entre 1759 et 1764 » et qui comprend les éléments suivants : le nom de l’époux; le prénom de l’époux suivi de la numérotation du Dictionnaire généalogique des familles acadiennes (DGFA) de Stephen A. White et, entre parenthèses, le nom du père de l’époux suivi de son numéro dans le DGFA ; le nom de l’épouse; le prénom de l’épouse et, entre parenthèses, le nom du père de l’épouse suivi de son numéro dans le DGFA; la date d’union; le lieu d’origine du ménage ou de l’époux; le lieu de refuge de la famille ou de l’individu entre 1760 et 1762; les familles acadiennes et individus figurant dans la liste du 12 août 1763 à Halifax identifiés par le mot « oui »; le nombre total de personnes présentes à Halifax en 1763 et le lieu d’établissement de la famille acadienne ou de l’individu après 1764.